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Vidhaata

Traduction : Le Créateur

Bande originale

Haathon Ki Chand Lakeeron Ka
O Saathi Aa
Pyar Ka Imtihaan
Saat Saheliyan
Udi Baba, Udi Baba

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 24 septembre 2009

Note :
(6.5/10)

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Pratap Singh (Suresh Oberoi), un inspecteur intègre, est assassiné par le gangster Jagavar Chaudhary (Amrish Puri). Sa femme en est si traumatisée qu’elle accouche avant terme et meurt, le bébé étant élevé par son grand-père paternel, Shamsher Singh (Dilip Kumar), un modeste conducteur de locomotive. Cependant, il est vite obligé, pour des raisons financières, de travailler pour un riche trafiquant qui, à sa mort, lui laisse la direction de ses affaires, faisant ainsi de lui le plus puissant gangster de la région. Pour ne pas corrompre son petit-fils Kunal par son argent, il décide alors de le confier à l’ancien policier Abu Baba (Sanjeev Kumar).

Les années ont passé, et Kunal (Sanjay Dutt) est devenu un jeune homme vigoureux, qui retrouve avec émotion son grand-père. Mais l’entente entre les deux générations est de courte durée, puisque Shamsher désapprouve l’amour qu’éprouve Kunal pour la danseuse Durga (Padmini Kolhapure), et que même Abu Baba et Gurubaksh (Shammi Kapoor), un ancien collègue des chemins de fer de Shamsher, n’arrivent pas à faire entendre raison au vieil homme…

Deux ans après son célèbre Karz avec Rishi Kapoor, Subhash Ghai connaît un grand succès avec ce film encore plus ambitieux, à la longue introduction et aux nombreux personnages typiques des grands masala à l’ancienne. Car, contrairement à ce que laisserait suggérer le synopsis, Vidhaata n’est pas un pur film de gangsters choral sur la transmission filiale du pouvoir, comme le sera plus tard par exemple le diptyque Sarkar de Ram Gopal Varma, mais une fresque familiale mélodramatique plus traditionnelle. Elle est du reste servie par l’intensité de ses talentueux acteurs, qui culmine dans le dénouement en un choc, au propre comme au figuré, entre les deux titans du film : Amrish Puri et Dilip Kumar.

Car si le premier, acteur fétiche du cinéaste, est comme d’habitude excellent en antagoniste cruel, le second est aussi très bon en patriarche vengeur, tour à tour vulnérable et intraitable, bien qu’il paraisse un peu trop sage et équilibré pour ce rôle de mafieux local ; on sent d’ailleurs que le réalisateur a voulu le présenter comme un gars qui a un bon fond, et non comme un homme vraiment ambigu, ce qui limite l’intérêt qu’aurait pu avoir son personnage.

Pourtant, ce n’est pas pour ce tragédien de référence qu’on se souvient surtout de Vidhaata, mais pour le quasi-débutant Sanjay Dutt (ce n’est que son deuxième véritable rôle au cinéma après Rocky, réalisé par son père Sunil) ; le réalisateur lancera par la suite la carrière d’autres vedettes, comme Jackie Shroff l’année suivante dans Hero, mais le fils de Sunil Dutt est sans aucun doute l’acteur le plus important parmi tous ceux qu’il a découverts, et celui qui reste la star la plus importante de nos jours : naturel, émouvant, Sanjay a déjà l’étoffe et le charisme naissant d’une future star.

Le reste du casting est aux petits oignons, avec un Sanjeev Kumar (le thakur Baldev Singh dans Sholay) toujours aussi impeccable grâce à son talent et son charme très particuliers, un Shammi Kapoor barbu et vieillissant assez attachant, ainsi que le très bon Suresh Oberoi (dont on connaît plutôt le fils de nos jours, Vivek Oberoi). En revanche, l’héroïne, ici Padmini Kolhapure, est cantonnée à une romance bouchonnée et, comme c’est généralement le cas dans les anciens films de Subhash Ghai, ne laisse pas un souvenir impérissable.

Comme souvent aussi chez le réalisateur et futur producteur, connu pour ses gros budgets risqués et son appétit d’ogre pour les films commerciaux assaisonnés d’une épaisse sauce masala, on a droit à une poignée de séquences à l’outrance mémorable, dont un grand final d’action, qui fait succéder une course-poursuite tendance chasse à l’homme à une longue fusillade nerveuse entre plusieurs légendes de Bollywood.

Le film vaut également le coup d’œil et son pesant de cacahuètes pour quelques chansons extravagantes : on peut en mentionner une avec un homme déguisé en Superman sur un décor de plateau télé, et une autre d’encore plus mauvais goût précédant le climax, dans la salle de séjour du méchant, qui met en scène de vrais-faux percussionnistes africains chargés de la section rythmique du morceau, tandis que Sanjay et sa belle sont prisonniers à l’arrière-plan derrière des barreaux. Subhash Ghai a réussi ici à aller encore plus loin que dans les fameuses séquences chantées et dansées de Karz, qui étaient déjà complètement délirantes mais qui, grâce à leur bonne musique disco, étaient vraiment jubilatoires et ne sombraient pas pour autant dans une telle caricature.

Film désuet qui a les qualités de ses défauts, Vidhaata est avant tout l’œuvre d’un artisan sincère dans sa volonté de proposer un divertissement total, feuilletonesque et très sucré, avec un casting impressionnant. Diabétiques s’abstenir donc, les autres pourront apprécier ce bon petit masala des eighties, une décennie qui a moins de films mémorables que l’âge d’or, du moins relatif, du cinéma hindi des années 70.

Fidèle à ses acteurs, Subhash Ghai en dirigera à nouveau plusieurs dans les années 80, comme Sanjeev Kumar et Shammi Kapoor dans le solide Hero, puis Dilip Kumar dans Karma, l’un de ses plus beaux rôles.

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