Shammi Kapoor
Fonction : acteur |
De son vrai nom : Shamsher Raj Kapoor |
Surnom : Elvis Presley indien |
Né le : 21 octobre 1931 (il y a 93 ans) |
à : Bombay (Inde britannique) |
Décédé le : 14 août 2011 (à 79 ans) |
à : Bombay (Maharashtra) |
Nationalité : indienne |
Famille : fils de Rama et de Prithviraj Kapoor (acteur), marié en 1955 à Geeta Bali (actrice), puis en 1969 à Neila Devi. Frère de Raj et Shashi Kapoor. Père de Aditya Raj Kapoor (né en 1956) et de Kanchan Kapoor (née en 1961) |
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Fiche IMDB |
Page Wikipedia |
Liens : jungle.org et site de fans |
Lorsque la famille Kapoor, originaire du Punjab, quitte Peshawar pour venir s’installer à Bombay en 1928, elle compte déjà trois enfants, parmi lesquels Ranbir Raj qui deviendra le grand Raj Kapoor. Cette migration est motivée par le désir du père, Prithviraj Kapoor (1906-1972), d’être acteur. Son désir était d’ailleurs tel qu’il fait le vœu en arrivant à Bombay de traverser les mers à la nage jusqu’à Hollywood s’il ne réussit pas en Inde ! Avec une telle volonté il arrive à percer et fonde la compagnie Prithvi Theatres qui existe encore de nos jours.
Au cinéma il tournera dans de nombreux films de 1931 à 1971 et c’est notamment lui qui incarne le grand conquérant Akbar dans Mughal-e-Azam (1960). On peut le voir également dans la prière à Shiva au tout début des films de Raj.
Shamsher Raj naît donc à Bombay dans un moment ô combien tragique pour la famille car deux de ses frères aînés viennent de mourir en 1931 (pneumonie et empoisonnement), à une semaine d’intervalle. Toutefois, son père ayant obtenu un contrat de travail à Calcutta dans les New Theatres Studios, c’est dans cette ville que Shammi passera sa petite enfance, là aussi que naîtra Balbir Raj (Shashi), son frère cadet. La famille sera de retour à Bombay sept ans plus tard.
Après un court passage au Ruja College, Shammi rejoint son père dans sa compagnie théâtrale et fait son entrée dans le monde du cinéma en 1948 comme junior artiste (figurant) pour un salaire de 50 roupies par mois. Il obtient son premier vrai rôle à l’âge de 22 ans dans Jeevan Jyoti (1953) où il a Chand Usmani comme partenaire. Le jeune Shammi a alors un look de séducteur romantique avec une fine moustache et les cheveux plaqués en arrière. Mais ses premiers films enchaînent flop sur flop. S’il y en a une qui est sous le charme, c’est bien l’actrice Geeta Bali. Celle-ci (née Harikirtan Kaur), qui avait déjà été partenaire de Raj Kapoor dans Bawre Nain en 1950, est tellement conquise qu’elle ira jusqu’à convaincre le metteur en scène de Rangeen Raatein (1956) de lui laisser jouer un rôle masculin pour accompagner Shammi sur son tournage. Shammi est un amoureux romantique depuis son adolescence. Geeta et Shammi s’aiment et se marient quatre mois plus tard sans leurs parents qu’ils n’informeront qu’une fois l’union conclue. Ils auront deux enfants, un garçon, Aditya Raj Kapoor (surnommé Mickey), puis une fille, Kanchan.
A noter que Geeta prendra pour secrétaire Surinder Kapoor, futur producteur et réalisateur de films, père de Boney, Anil et Sanjay Kapoor. Et c’est pour lui rendre hommage que le portrait de Geeta apparaît au début du générique des films produits par la famille de Boney Kapoor.
Du fait de ses premiers échecs, Shammi est amené à s’interroger sur la suite de sa carrière à l’écran et à remettre en question son personnage. C’est Geeta qui lui conseille de se raser la moustache. En s’inspirant de la coiffure et de l’allure des idoles de Hollywood du moment, James Dean et Elvis Presley, Shammi change de look pour devenir un personnage très "occidentalisé", toujours romantique mais aussi rebelle.
Cette fois le succès et la célébrité sont au rendez-vous avec des films tels que Tumsa Nahin Dekha (1957), Dil Deke Dekho (1959) et Junglee (1961). Ce dernier, avec Saira Banu, est un superhit au box-office. C’est là qu’il dévale (le plus souvent ventre à terre !) les collines couvertes de neige sur la chanson Chahe koyi mujhe junglee kahe et lance ce nouveau cri "Yahoo !". C’est un cri de victoire et c’est ainsi qu’il exprime sa joie d’avoir pu conquérir la femme qu’il convoitait.
Le duo Shankar Jaikishan (musique) et Shailendra (paroles) sont les auteurs des chansons du film et c’est la voix de Mohammed Rafi qui s’y fait entendre comme dans beaucoup d’autres par la suite. Rafi devient d’ailleurs un ami intime de Shammi, qui fut très affecté en apprenant son décès en 1980. Il déclara que c’est sa propre voix qu’il avait perdue et qu’il était conscient que la voix d’or de Rafi comptait pour une partie importante de son succès passé.
Shammi aura souvent plus de chansons que ses partenaires féminines, ce qu’il revendiquait auprès des réalisateurs, sachant combien les chansons étaient importantes pour le succès d’un film.
Soulignons aussi que Shammi est un casse-cou, il fonce sans calculer, c’est un spécialiste des cabrioles inopinées et dans Junglee, comme dans de nombreux autres films, il se fracturera quelques os durant le tournage…
S’il donne l’impression d’être maladroit, c’est tout simplement parce qu’il ose… quitte à se rater souvent, car chez lui l’action n’est pas bridée par la réflexion.
Dans cette période il est associé autant à des actrices confirmées qu’à des héroïnes qui font leurs débuts dans l’industrie. Parmi celles qui deviendront des stars figurent Sharmila Tagore, Asha Parekh et Saira Banu. On imagine bien que ce séducteur-né était ravi de pouvoir accueillir ainsi de toutes jeunes actrices et de guider leurs premiers pas.
C’est avec Shammi dans Kashmir Ki Kali (1964) que Sharmila Tagore fait ses débuts en hindi. Shammi y est, comme dans beaucoup de ses films à succès, un amoureux romantique, spontané, exubérant, excentrique, généreux, parfois inconvenant. On ne s’attend pas à le voir faire ce qu’il fait et c’est en général pour cela qu’il le fait. C’est ainsi que les déguisements divers et variés ne lui font pas peur.
Les chansons Deewaana huaa baadal saawn ki ghataa chhaayi, Ishaaron ishaaron me dil lene waale et Ye chaand saa roshan chehraa (O.P. Nayyar) sont chacune de petites perles dans leur genre.
On y voit Shammi les bras largement ouverts à l’horizontale ou vers le haut, une gestuelle toute personnelle pour exprimer sa passion.
Question danse, Shammi n’est pas le champion de pas savamment chorégraphiés, mais il a une présence physique très forte, il gesticule et sautille plutôt dans tous les sens avec des mouvements qui lui sont propres mais toujours avec un sens inné du rythme. Pas question pour lui de rester assis au calme ou de marcher, c’est presque constamment qu’il développe une énergie explosive, ondule et se dandine.
Il tournera quatre films avec Asha Parekh, parmi lesquels Teesri Manzil (1966), grand classique qui combine romance, comédie et mystère sur une trame de thriller hitchcockien, et qui dut une partie de son succès aux débuts du talentueux compositeur R.D. Burman.
C’est hélas durant son tournage qu’il apprendra la mort de son épouse, Geeta Bali, terrassée par la variole à l’âge de 35 ans.
En 1967 il retrouve Sharmila Tagore pour An Evening in Paris. Il y joue un Parisien d’origine indienne tombant amoureux d’une touriste indienne jeune et riche. Dans Deewane ka naam to poocho, il lui déclare sa flamme en traversant Paris dans ce qui est l’une des plus belles chansons romantiques de Rafi. C’est dans ce film qu’on trouve aussi une des scènes d’anthologie qui émaillent ses films : le couple fait une escapade à Beyrouth (qui représente le sud de la France !) où Shammi se transforme en moniteur de ski nautique. Sharmila surfe sur les vagues, très décontractée en bikini (ce qui fit scandale !) tandis que Shammi lui chante Aasman se aaya farishta… suspendu à un câble sous un hélicoptère, habillé d’un peignoir flottant au vent !…
Cultissime… et kitschissime ! Il faut dire que c’est Shammi lui-même qui avait suggéré l’hélicoptère au réalisateur sous forme de plaisanterie et Shakti Samanta le prit au mot !… Shammi raconte que le jour du tournage, il était terrifié. L’équilibre était précaire et il fit une chute de 60 mètres dans la mer, heureusement sans dommage pour lui.
Son succès est constant dans les films qui s’enchaînent dans cette période, mais bien plus auprès du public que des critiques professionnels.
Sur le plan sentimental, on lui prête en 1968 une romance sans suite avec Mumtaz, une actrice qui a été très importante pour lui. Et c’est en 1969 qu’il épouse Maharajkumari Bai Shri Neela Devi Sahiba, fille du maharaja de Bhavnagar. Le couple n’aura pas d’enfants.
Brahmachari (1968) voit Shammi Kapoor, Shankar Jaikishan et Rafi, les talents qui mis en commun font le succès des chansons, tous trois récompensés. Toutefois, à la fin des années 60, deux données vont amener le début du déclin pour Shammi Kapoor :
la principale est l’émergence de Rajesh Khanna, nouvelle icône romantique. L’autre cause est l’appétit de vivre de Shammi Kapoor, qui a toujours été bon vivant, doté d’un appétit d’ogre, son début d’embonpoint le dessert physiquement et met fin prématurément à sa carrière de héros romantique.
L’un de ses derniers rôles en vedette est Andaz (1971). Mais déjà le grand succès du film résulte bien plus de l’apparition de Rajesh Khanna dans un cameo que dans le rôle-vedette de Shammi.
Cela marque un tournant. De plus son père et sa mère viennent de disparaître à deux semaines d’intervalle (1972). Il commence alors une carrière de supporting actor (second rôle), jouant dans Zameer (1975) le père de Saira Banu, alors qu’il avait été son partenaire masculin dans Junglee et Bluff Master onze ans plus tôt. Dans Zameer, le séducteur s’appelle Amitabh Bachchan.
Shammi s’essaye à la réalisation avec deux films, Manoranjan (1974), remake d’Irma la Douce de Billy Wilder, qui est jugé immoral, et Bandalbaaz (1976). Tous deux sont des échecs, il s’en tient là dans la réalisation.
Il continue alors ses seconds rôles, avec un look maintenant barbu et ventru, et obtient un award pour son rôle dans Vidhaata (1982). Il apparaîtra jusqu’en 2002 dans 1 à 5 films par an en moyenne. Il aura notamment accompagné Aishwarya Rai dans son premier film, Aur Pyaar Ho Gaya (1997), où il joue le rôle de son grand-père. Il a ensuite raréfié ses apparitions au cinéma.
Une autre activité importante de Shammi Kapoor résulte du fait qu’il a été un adepte de ce qu’on nomme maintenant le blog, 50 ans avant son apparition. Il a très régulièrement écrit dans les revues telles que Filmfare pour y faire part de ses impressions et réactions à l’actualité.
Il ne manquait pas de réponses, surtout féminines. Pour donner une idée de l’effet qu’il peut faire sur les femmes, voici ce que lui répond une lectrice : "Je vous hais, mais vous suscitez deux attirances puissantes pour les femmes. Pour les unes vous êtes un loup irrésistible, pour les autres vous êtes un étalon qu’elles aimeraient bien apprivoiser" !…
Ce goût pour l’écriture et pour faire partager ses opinions en a fait l’un des pionniers d’Internet en Inde. Son "Yahoo !" lancé quelque 50 ans plus tôt semble être aussi un cri prémonitoire. Il se distinguera dans ce domaine en créant l’Internet Users Club Of India (UCOI).
A la fin de sa vie, Shammi Kapoor apparaissait encore de temps en temps dans les films et faisait de rares apparitions aux premières. Le 11 janvier 2008, Shammi et Sharmila Tagore ont encore été honorés d’un lifetime achievement award lors du Festival du Film de Pune.
Peu avant sa mort, Shammi remerciait encore Dieu de lui avoir tant apporté, de les avoir jusque-là maintenus en vie, sa femme et lui. Son agilité légendaire appartenait depuis longtemps au passé, car il ne se déplaçait plus qu’en chaise roulante et, comme il le disait lui-même : "mes jambes ne sont plus mes amies maintenant". De plus, son état de santé le contraignait à une dialyse à l’hôpital trois fois par semaine. Il aurait tant aimé revoir Paris, mais il savait que ce n’était plus possible. L’ordinateur et les pratiques spirituelles restaient donc maintenant ses principales activités.
Il est clair que Shammi Kapor fait figure d’acteur d’exception, il aura été original et unique en son genre, on peut l’adorer, alors que d’autres le détestaient. On peut aussi remarquer à quel point les trois frères, Raj, Shammi et Shashi, ont eu des carrières différentes, des destinées différentes, des personnalités vraiment très différentes. Le grand point commun est peut-être qu’ils ont tous été des séducteurs, chacun à sa manière.
Les nouveaux Kapoor apparus, Karisma, Kareena, icônes de beauté, et Ranbir, sont tous des descendants de Raj Kapoor, mais Shammi a des petits-enfants encore jeunes qui, peut-être, prendront eux aussi un jour la relève.
Pour terminer, nous n’avons qu’à nous féliciter que le projet de Shammi Kapoor, qui voulut à un moment donné partir vivre au Caire avec une adepte de la danse orientale, ait capoté au dernier moment, car le cinéma indien n’aurait certainement pas été tout à fait le même après cela.
2011 - Rockstar d’Imtiaz Ali avec Ranbir Kapoor. Musique d’AR Rahman
2006 - Sandwich d’Anees Bazmee avec Govinda, Raveena Tandon. Musique de Sandeep Chowta, Aadesh Shrivastav
1998 - Kareeb de Vidhu Vinod Chopra avec Bobby Deol, Neha, Moushmi Chatterji. Musique d’Anu Malik
1997 - … Aur Pyaar Ho Gaya de Rahul Rawail avec Bobby Deol, Aishwarya Rai. Musique de Nusrat Fateh Ali Khan
1983 - Hero de Subhash Ghai avec Jackie Shroff, Meenakshi Sheshadri, Bindu. Musique de R.D. Burman
1982 - Vidhaata de Subhash Ghai avec Dilip Kumar, Sanjeev Kumar, Sanjay Dutt. Musique de Kalyanji-Anandji
1982 - Prem Rog de Raj Kapoor avec Rishi Kapoor, Padmini Kolhapure. Musique de Laxmikant-Pyarelal
1982 - Yeh Vaada Raha de Kapil Kapoor avec Rishi Kapoor, Poonam Dhillon et Tina Munim
1976 - Bandalbaaz de Shammi Kapoor avec Rajesh Khanna, Sulakshana Pandit. Musique de R.D. Burman
1975 - Zameer de Ravi Chopra avec Amitabh Bachchan, Saira Banu. Musique de Laxmikant-Pyarelal
1974 - Chhote Sarkar de K. Shankar avec Shashikala. Musique de Shankar Jaikishan
1974 - Manoranjan de Shammi Kapoor avec Zeenat Aman, Sanjeev Kumar. Musique de R.D. Burman
1971 - Andaaz de Ramesh Sippy avec Hema Malini, Rajesh Khanna. Musique de Shankar Jaikishan
1968 - Brahmachari de Bhappi Sonie avec Rajeshri. Musique de Shankar Jaikishan
1967 - An Evening In Paris de Shakti Samanta avec Sharmila Tagore. Musique de Shankar Jaikishan
1966 - Budmateez de Manmohan Desai avec Sadhana. Musique de Shankar Jaikishan
1966 - Teesri Manzil de Vijay Anand avec Asha Parekh, Helen. Musique de R.D. Burman
1965 - Janwar de Bhappi Sonie avec Rajshree. Musique de Shankar Jaikishan
1964 - Rajkumar de K Shankar avec Sadhana, Prithviraj Kapoor. Musique de Shankar Jaikishan
1964 - Kashmir Ki Kali de Shakti Samanta avec Sharmila Tagore. Musique de O. P. Nayyar
1963 - Bluff Master de Manmohan Desai avec Saira Banu. Musique de Kalyanji-Anandji
1963 - Pyaar Kiya To Darna Kya de Ranga B. S. avec Saroja Devi B., Prithviraj Kapoor. Musique de Ravi
1962 - China Town de Shakti Samanta avec Shakeela, Helen. Musique de Ravi
1962 - Dil Tera Diwana de B R Panthulu avec Mala Sinha. Musique de Shankar Jaikishan
1962 - Professor de Lekh Tandon avec Kalpana. Musique de Shankar Jaikishan
1961 - Junglee de Subdoh Mukherjee avec Saira Banu. Musique de Shankar Jaikishan
1959 - Dil Deke Dekho de Nasir Hussain avec Asha Parek. Musique de Usha Khanna
1959 - Char Dil Char Raahein de Khwaja Ahmad Abbas avec Raj Kapoor, Meena Kumari. Musique de Anil Biswas
1957 - Tumsa Nahin Dehka de Nasir Hussain avec Ameeta. Musique de O.P. Nayyar
1956 - Rangeen Raatein de Kidar Sharma avec Geeta Bali
1953 - Jeevan Jyoti de Mahesh Kaul avec Shashikala, Chand Usmani. Musique de S.D. Burman