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Hulchul (1995)


Bande originale

I Am Sixteen
Main Laila Ki
Tu Mere Man Ki
Pehli Dafaa Is Dil Mein
Saawan Ka Mahina
Bando Pe Apne

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La critique de Fantastikindia

Par Fabrizio - le 29 mars 2016

Note :
(4.5/10)

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On ne le répétera jamais assez : plonger dans les action movies hindis des années 90 peut nuire gravement à la santé. Même à faibles doses, l’expérience est rudement éprouvante. Quel cerveau dérangé a conçu des histoires aussi grotesquement sordides et (in)volontairement décousues ? Faut-il louer cette manifestation d’imagination débridée ou fuir l’expression d’une créativité malsaine ?


Une femme (Sujata Mehta) tue son mari à la machette (ou à la serpe, ce n’est pas très clair), en plein jour, dans la rue, avec foule, et – en prime – devant un buste de Gandhi [1]. Bien que son alcoolique de mari ait pu « mériter » cette mort particulièrement délicate (il la battait, et quand il perdait aux jeux il l’« offrait » à ses camarades), la Justice n’a pas été clémente avec cette femme. Pour cette humble mère de famille ce sera la taule et, très rapidement, l’arrêt cardiaque fulgurant, déchirée par la séparation d’avec le fruit de ses entrailles. Pour couronner le tout, elle mourra devant les yeux de son propre enfant.

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Menottes Hiatt, type 104 « Darby »

Pour son fils, le jeune Deva, ce sera la rue, les larmes, les larcins et la rancœur : Deva nourrit au fond de son cœur une haine noire contre toutes les institutions de justice. Adopté par l’officier de police Siddhant (Vinod Khanna) – celui même qui avait arrêté sa mère ! – Deva (Ajay Devgn) cumule en grandissant l’amour de sa mère adoptive, la jalousie de son frère Karan (Ronit Roy), le conflit avec la rectitude scrupuleuse et légaliste de son paternel policier, ainsi que l’attachement qu’il voue à sa propre conception de la justice : Expéditive, salvatrice, soigneusement violente et désintéressée. Rien à voir avec la justice étatique !

Les mauvaises fréquentations et les déboires de Karan – se brûlant les ailes à voler trop près de la pègre locale – finiront par plonger la famille de Deva dans des situations aussi déchirantes qu’invraisemblables. Les Siddhant seront confrontés au parrain local, Shobraj (Amrish Puri), dont la cruauté n’a d’égal que la perversité (meurtres, viols, etc.), dont l’inflexibilité n’a de comparaison que l’amour pour son rejeton (délit de fuite, recel de malfaiteur, etc.), et surtout aux bras extrêmement longs : ses doigts jouent habilement les mélodies criminelles qui dictent la politique gouvernementale de l’Union !

Hulchul sera le combat de deux hommes, deux pères, deux lois, deux justices – étatique et criminelle –, mais, plus important encore, au milieu et au-dessus de tout ça, repoussant les limites de la réalité, il y a Ajay Devgn, justicier hors pair forcément lucide et victorieux. Une telle histoire ne peut se finir que devant la potence…

Un scénario excessif et bancal…

Avec tout ça il n’est pas étonnant qu’à sa sortie, le film ait reçu la certification A, avant d’opérer les modifications (quelques viols et meurtres moins explicites) qui le reclasseront en U/A. Dans tous les cas, le film n’a pas été un succès en salles, la faute à un scénario abracadabrantesque et à une histoire qui ne démarre jamais. En plus des invraisemblances impardonnables, les confrontations – tant attendues ! – entre Khanna, Puri et Devgn sont très mal conduites, aucun d’eux ne tire son épingle du jeu et ce qui devrait être un jeu d’échecs savamment construit demeure à l’état d’une ennuyeuse partie de dominos…

La direction d’acteurs est assez médiocre. Puri est sous-utilisé, presque laissé à l’abandon, affublé de tics langagiers exaspérants (répétant des dictons anglais dont tout le monde se fout). On ne sait pas trop si Khanna croit en cette histoire, mais dans tous les cas on ne peut pas dire qu’il s’engage dans l’affirmation de son personnage, cette « gueule » du cinéma manque de présence dans ce film où on ne le sent pas très à l’aise… [2]. Devgn, quant à lui, fait du Devgn : fagoté d’une collection de gilets du meilleur effet, il maîtrise de multiples techniques de combat ainsi que tous les calibres de mitrailleuse.

Bien que la réalisation soit correcte, elle se contente néanmoins du minimum syndical, préférant le formalisme convenu de la mise en scène à toute éventuelle sophistication, autrement plus intéressante. Les confrontations entre les membres de la trinité déjà citée, et qui devraient être le climax du film, sont assez plates, réalisées à la hache, à coups de champs-contrechamps conventionnels ou avec des travellings circulaires bâclés, sans aucune tension dramatique.

Pour son début en tant que réalisateur, Anees Bazmee fait dans l’excès scénaristique et ça ne lui réussit pas ; impossible de sortir de ce film sans avoir la conviction que l’utilisation du fusil à canon scié fait partie de l’enseignement scolaire en Inde. Accompagné de la même équipe (acteurs, chanteurs et chorégraphes) Bazmee reprendra la même formule – en tant que scénariste – pour Gundaraj, et ce sera aussi un échec commercial : l’application qu’il met à commettre des fins soigneusement outrageuses y est peut-être pour quelque chose (l’acharnement décomplexé sur les cadavres nous aura beaucoup marqué), on regrettera nonobstant qu’Amrish Puri en paie les frais.

Il faudra attendre Pyaar To Hona Hi Tha, toujours avec la même équipe et avec aussi des excès, pour avoir enfin un scénario mieux construit et un rôle plus important pour Kajol.

… atténué par son comique hilare et désinvolte

En parallèle à ce déferlement d’images saugrenues, le film propose avec conviction, un pendant bouffon sacrément rédempteur : Sharmili (Kajol) est une dingue, une peste qui harcèle Deva, car, par-dessus tout, elle ne rêve que d’une chose, se marier avec lui. Or, avec son comparse Chachaji (Kader Khan), elle a une drôle de façon de gagner sa vie… s’organisant des fausses fiançailles pour se remplir les poches, se faisant passer pour aveugle pour escroquer des flics simplets, ou encore se déguisant en prostituée pour faire chanter des richards rondouillets.

Certes, elle est reléguée à un second rôle comique sans répercussions sur l’intrigue principale – un faire-valoir d’Ajay Devgn – cependant Kajol excelle tout de même dans ce petit rôle de jeunette déjantée. Le duo complice qu’elle forme avec Kader Khan est agrémenté de trouvailles assez cocasses (le coup de la baignoire), et même Ajay Devgn est convaincant dans ce registre comique, exaspéré par la tornade Kajol.

Ajay et Kajol, en toute liberté, s’éclatent comme des petits fous dans les clips décousus et décalés qui animent le film. Il est vrai que c’est très loin d’être la meilleure composition musicale d’Anu Malik, et les chorégraphes ont opté pour la facilité, reproduisant des formules battues et rebattues, mais contre toute prévision c’est sacrément efficace !… peut-être parce que derrière cette bouffonnerie absurde on sent l’énergie débordante, la jeunesse et l’amitié naissante entre ces deux acteurs.

Hulchul : À regarder quand on veut se vider le cerveau… au prix plus ou moins négligeable de quelques neurones.


Tu Mere Man ki


[1La scène, avec le buste de Gandhi maculée du sang punitif, a néanmoins été raccourcie par le CBFC (Central Board of Film Certification), l’organe de censure délivrant les autorisations d’exploitation.

[2Peut-être était-il plus inquiet par son avenir politique. En effet, Khanna allait rejoindre le BJP (Bharatiya Janata Party, droite nationaliste hindoue) en 1997, être élu député à la Lok Sabha (« Chambre du Peuple », chambre basse du Parlement indien) (1998), devenir ministre de la Culture (2002), et obtenir la consécration ultime, aux Affaires étrangères, en 2004.

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