Baghban
Traduction : Jardinier
Langue | Hindi |
Genre | Comédie dramatique |
Dir. Photo | Barun Mukherjee |
Acteurs | Amitabh Bachchan, Salman Khan, Hema Malini, Paresh Rawal, Mahima Chaudhry, Divya Dutta, Sharat Saxena, Rimi Sen |
Dir. Musical | Uttam Singh, Aadesh Shrivastava |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Udit Narayan, Sukhwinder Singh, Alka Yagnik, Sudesh Bhonsle, Hema Sardesai, Amitabh Bachchan, Richa Sharma, Aadesh Shrivastava, Sneha Pant |
Producteur | B. R. Chopra |
Durée | 178 mn |
Epoux et père comblé, Raj Malhotra (Amitabh Bachchan) décide, lors de son départ à la retraite, de déménager et de vivre avec sa femme Pooja (Hema Malini) chez l’un de leurs quatre fils. Contre toute attente, ces derniers sont réticents à cette idée, et ne consentent finalement à héberger à tour de rôle qu’un seul de leurs parents. Les deux époux, qui s’aiment encore tendrement, se retrouvent ainsi forcés à habiter dans deux villes différentes, séparés par leurs propres enfants…
A la fin de l’année 2000, Amitabh Bachchan effectuait un retour en grande pompe au panthéon des stars de Bollywood avec Mohabbatein, un chef-d’œuvre dans lequel il incarnait un directeur ombrageux très strict, diamétralement opposé au rôle du professeur moderniste interprété par Shah Rukh Khan. Grisonnant, proche de la soixantaine, il reprendra dès lors régulièrement ce rôle de patriarche imposant dans lequel il excelle, comme dans Kabhi Khushi Kabhie Gham ou Ek Rishtaa. Mais très vite, Amitabh profite de son come-back pour prendre des risques en se lançant dans des rôles où on ne l’attend pas, comme ses personnages de méchants raffinés dans Aks, un polar fantastique aux accents expressionnistes qu’il a produit et qui fut un bide injuste, et Aankhen, un bon film de hold-up.
Avec Baghban, l’acteur s’est au contraire fait plaisir et a surpris son public en s’octroyant le rôle principal d’une romance, liée il est vrai à un mélodrame familial. Et si les scènes de famille opposant les pauvres parents à leurs méchants fils à la mauvaise foi révoltante manquent totalement de finesse, et plombent en partie ce qui aurait pu être un très grand film, l’histoire d’amour entre ces deux stars vieillissantes est attachante et rafraîchissante.
Car malgré la lourdeur des situations et de la mise en scène du vétéran Ravi Chopra, avec qui Amitabh avait déjà travaillé dans les années 70, le film restera dans les mémoires pour la délicieuse complicité entre Bachchan, qui goûte au rôle de l’amoureux avec une gourmandise et une candeur que l’on ne lui connaissait pas, et Hema Malini, absolument rayonnante. Les scènes où le couple est brutalement séparé par ses propres enfants sont déchirantes, et leurs subterfuges pour communiquer en cachette sont très touchants. Certaines situations artificielles, comme les injustices que subit Amitabh chez l’un de ses fils qui l’héberge, fonctionnent bien au sein de ce mélodrame, par exemple la scène où son petit-fils lui propose de lui donner son argent de poche pour qu’il s’achète de nouvelles lunettes afin qu’il puisse lire les lettres de son épouse, parce que son fils avare ne veut pas lui donner une roupie. Le second rôle Paresh Rawal, tour à tour comique et attachant, participe aussi du plaisir unique que procure Baghban, comme dans la séquence de la Saint-Valentin où il pousse le timide Amitabh à inviter sa femme au téléphone en lui demandant : "Would you be my Valentine ?"
Si l’on ajoute à cela une bande-originale très agréable, dont trois chansons interprétées par le Big B en personne, et un Salman Khan peu crédible mais plaisant dans le rôle-surprise du "fils adoptif qui aime plus ses parents que les vrais fils", Baghban est une superbe histoire d’amour mature ; depuis ce rôle, qui restera mémorable dans la carrière d’Amitabh, ses rôles principaux dans des romances (dans Nishabd et Cheeni Kum, où il tombe amoureux de jeunes femmes) sont toujours des événements. Quelques lourdeurs gâchent la fluidité de l’ensemble, mais les énormes effets mélodramatiques à l’ancienne sont, malgré leur artifice, aussi bouleversants que dans les scènes les plus touchantes des films de Karan Johar. L’émotion primaire qui se dégage du film trouve en effet toute sa saveur grâce à la finesse d’un couple d’acteurs magique, qui se reformera l’année suivante dans Veer-Zaara, un autre film du clan Chopra, et retrouvera le réalisateur Ravi Chopra en 2006 pour l’émouvant Baabul.
N.B. Le scénario de Baghban semble très inspiré du beau film de Leo McCarey de 1937 Place aux Jeunes, qui avait pour vedettes deux acteurs vieillissants peu célèbres.