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La critique de Fantastikindia

Par Nady - le 15 mars 2016

Note :
(6.5/10)

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Le film de Partho Sen-Gupta, est un mélange d’antagonismes : son titre lumineux « Sunrise » signifiant un lever de soleil, contraste avec la noirceur aussi bien visuelle que narrative de son film, le bar où enquête notre protagoniste, le « Paradise » se caractérise comme un enfer sans nom, et enfin, la dichotomie qui existe entre le réel et le rêvé parcourt le film du début à la fin.

Sunrise c’est l’histoire de Joshi, un père hanté par la disparition de sa fille Aruna et dont la vie de famille est brisée depuis, avec une épouse désespérée, en proie à la folie, perdue entre le présent et le passé, sans plus aucune attache avec le réel. Joshi, inspecteur de police, se retrouve happé par son histoire personnelle lorsqu’il enquête sur une affaire d’enlèvements d’enfants. Le cauchemar est réel, et il explore l’enfer en enquêtant au Paradise, un bar où de jeunes filles sont contraintes de danser pour divertir un public d’hommes abjects.

De nombreuses références traversent le film, dont je n’ai pu saisir toutes les subtilités, ne connaissant pas toujours les œuvres ayant inspiré Partho Sen-Gupta ; mais cela m’a permis d’aborder le film pour ce qu’il est, sans chercher d’éventuelles influences.

Les acteurs sont impressionnants dans ce film, tant les rôles secondaires de jeunes filles, ou encore les protagonistes encadrant ce trafic, que le personnage principal sur lequel repose toute l’histoire.
En effet, l’acteur qui joue le policier tourmenté n’est autre qu’Adil Hussain et il semble habité par son rôle. Il incarne avec brio ce père meurtri, en colère et obsédé par l’idée de trouver une réponse, et en même temps presque impuissant face à un phénomène qui le dépasse et dont la réalité semble trop sordide pour être vraie. Tannishtha Chatterjee, dans le rôle de Leela, son épouse, est impeccable. Elle exprime très bien le déni, cette incapacité à accepter la réalité mais également la douleur face à l’absence de son enfant, c’est une mère déchirée à qui l’on a arraché sa fille.

Les jeunes filles, et plus particulièrement le personnage très marquant de Komal (Gulnaaz Ansari), sont convaincantes. Elles sont plongées dans un univers où l’humanité semble avoir disparue, où elles ne sont plus que des ombres. Sauf Komal qui semble être la seule à résister de manière un peu désespérée, notamment lors de la descente de police où elle regarde par la fenêtre avec un semblant d’espoir, tandis que les autres obtempèrent avec moins de résistance.

Le film, en traitant d’un sujet ancré dans la réalité à laquelle le cinéaste a échappé d’ailleurs, puisqu’il a été victime d’une tentative d’enlèvement dans son enfance, joue entre le vrai et l’imaginaire, l’hallucination. On ressent une véritable recherche dans la réalisation, afin de faire vivre au spectateur le trouble face au caractère sordide de ce drame humain. Le film s’achève avec l’information suivante : plus de 100 000 enfants sont victimes d’enlèvement chaque année en Inde. C’est cette tension entre le côté réaliste et l’aspect fictionnel du récit qui dérange tant. La réalisation de Partho Sen-Gupta traduit bien cette tension à l’écran, en mêlant les rêves et les hallucinations, et en mélangeant présent et passé d’un homme meurtri. Cela créé une confusion, un trouble où le spectateur se perd tout comme Joshi. La scène la plus intéressante est celle de la traque sous la pluie battante, la traque d’une ombre qui tient le spectateur en haleine et dans l’angoisse. Les jeux de lumière, tantôt rouge, tantôt bleue ou verte, et l’omniprésence de l’obscurité, renforcent la noirceur de l’histoire, et sont amplifiés par la bande-son discrète, que l’on retrouve essentiellement dans les scènes du bar, mais qui accentue le sentiment d’horreur qui peut traverser le spectateur.

Une chose est sûre, ce film ne laisse pas indifférent. Il touche le spectateur, happé par un univers sombre et dérangeant, et qui ne ressort pas indemne de la salle de cinéma.

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