Race
Traduction : La course
Langue | Hindi |
Genre | Thriller |
Dir. Photo | Ravi Yadav |
Acteurs | Saif Ali Khan, Anil Kapoor, Bipasha Basu, Katrina Kaif, Akshaye Khanna, Johnny Lever, Sameera Reddy |
Dir. Musical | Pritam Chakraborty |
Parolier | Sameer |
Chanteurs | Sunidhi Chauhan, KK, Shaan, Neeraj Shridhar, Monali Thakur, Atif Aslam, Taz, Apache Indian |
Producteurs | Kumar Sadhuram Taurani , Ramesh Sadhuram Taurani |
Durée | 155 mn |
Deux demi-frères, Ranvir (Saif Ali Khan) et Rajiv Singh (Akshaye Khanna) gagnent leur vie en pariant sur des chevaux. Si l’aîné, Ranvir, éprouve une passion maladive pour les courses hippiques et les sports mécaniques, insensible au charme de sa secrétaire Sophia (Katrina Kaif) qui l’aime en secret, le cadet, Rajiv, est un désœuvré amateur d’alcool. Heureusement, Rajiv tombe amoureux de Sonia (Bipasha Basu), et tous deux se marient bientôt. Pourtant, Rajiv n’a pas épousé Sonia par amour, mais dans le but de se débarrasser avec son aide de son demi-frère afin de toucher les 100 millions de roupies de l’assurance-vie…
Moins d’un an après leur film précédent, le plus énergique director duo de Bollywood signe un film peuplé de stars. Le titre laissait présager un énième film d’action abrutissant et ultra-esthétisant à la Dhoom 2 ou Cash, pour ne citer que les pires ; heureusement il n’en est presque rien, et cette grosse production est nettement meilleure que ces films prétentieux. Certes, on a droit au minimum syndical de scènes d’action automobiles, dont un efficace duel de voitures de courses final complètement gratuit, mais elles sont en général brèves et à peu près intégrées à la trame narrative, se limitant à des tentatives de meurtres entraînant des cascades et explosions de véhicules.
Mais s’ils évitent l’empilement de séquences acrobatiques et pyrotechniques extravagantes, Abbas-Mustan reportent cette surenchère dans leur scénario : et que ces rois du remake aient copié le suspense hollywoodien Goodbye Lover (un homme amoureux de la femme de son frère cadet) ou non, ils ne se sont pas gênés pour multiplier les rebondissements foireux, encore moins crédibles que la moyenne bollywoodienne, si bien qu’on ne peut que sourire devant cette histoire qui se veut un "thriller", genre pompeusement associé au duo de réalisateurs par ses fans.
La première partie est pourtant plaisante, nous présentant le quatuor principal de manière efficace. Akshaye Khanna se montre plus naturel qu’un Saif Ali Khan un peu fade, tandis que les actrices sont plus potiches que vénéneuses, mais l’ensemble des stars joue le jeu et le divertissement fonctionne. De plus, on sent déjà pointer les complots et les plans d’assassinat diaboliques, des ficelles déjà utilisées dans Ajnabee, et dont le cynisme de pacotille, singeant en vain les films noirs américains, tranche au moins avec la naïveté des films musclés à gros budget à la Dhoom 2 : ici en effet, les stars ne sont pas réparties par couples identifiables, bons ou méchants, puisque les couples se font et se défont au gré des trahisons de chacun. Si l’on est sensible à ce genre de divertissement excessif, cet enchaînement sans temps mort de coups de théâtre délirants est distrayant tout le long du film, dont le rythme chaloupé est entrecoupé de chansons agréables aux refrains délicieusement hinglish.
Cependant, la présence dans la deuxième partie d’un nouveau couple de stars mal assorties (Anil Kapoor qui passe son temps à manger des fruits et son assistante naïve et sexy Sameera Reddy) ralentit le rythme par ses facéties débiles et inutiles (Anil tentant d’embrasser sur la bouche Sameera, de plus de vingt ans sa cadette, en prétextant l’initier à l’amour !). Cette atmosphère de vieux masala périmé est accentuée par la présence, habituelle chez les réalisateurs, du comique ringard Johny Lever, et casse sérieusement l’ambiance de ce film de genre farfelu à l’humour pince-sans-rire. Dommage donc que le talentueux Anil (tout comme la sous-estimée Sameera) n’apporte que de la médiocrité au film avec ce rôle kitsch indigne de lui, bien qu’il l’assume complètement.
Malgré ce deuxième acte, grotesque pour ses seconds rôles comiques et son accumulation de rebondissements de série Z, le film peut s’apprécier au second degré comme un suspense parodique involontaire. Mais Abbas-Mustan sont des bons faiseurs, des techniciens de talent, et ils savent aussi trousser un masala distrayant et pas trop lourd. On prend ce film encore moins au sérieux que leurs remakes avec Akshay Kumar et Kareena Kapoor (Ajnabee, Aitraaz), qui avaient plus de charme, mais Race n’atteint tout de même pas le degré de ridicule de certaines productions d’action bollywoodiennes actuelles, clinquantes et agaçantes, et garde un style de masala semi-traditionnel du début des années 2000 : avec ses deux heures et demie, ses six chansons, ses stars correctement dirigées qui se font des embrouilles et ses scènes d’action bien foutues, le film ne méprise en aucun cas le public avide de bon gros divertissement de qualité, qui en aura ainsi pour son argent.
Bien entendu, il ne faut donc pas s’attendre à un véritable thriller tendu à l’américaine : ce n’est la spécialité ni d’Abbas-Mustan, ni de Bollywood, dont certaines productions de genre, comme celle-ci, ne peuvent pas s’apprécier avec les mêmes critères de qualité que des films occidentaux. Par conséquent, le film n’est pas à prendre au premier degré… à l’inverse d’ailleurs de bon nombre de masalas d’amour pratiquant le triangle amoureux, ainsi que des films noirs hollywoodiens, dont les traits d’humour ne sont que ponctuels et se greffent à une intrigue solide. Contrairement aux apparences, Race est un film plutôt réussi dans sa superficialité même, qui distraira encore plus que leurs films précédents (36 China Town, Naqaab) les amateurs de ce duo de cinéastes sachant, grâce à ses scénarios outranciers, produire de bons films commerciaux qui sombrent presque toujours dans la facilité, mais rarement dans la mièvrerie.