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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974 - le 3 mai 2016

Note :
(8.5/10)

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Anjali est une jeune journaliste indépendante qui gagne sa vie en écrivant des biographies comme « nègre » (ghost writer) pour des personnes connues. Elle n’en tire aucune reconnaissance, et attend l’opportunité qui lui permettra de percer. À l’occasion d’une de ces missions ingrates pour un responsable de prison qui souhaite écrire ses mémoires, elle rencontre un détenu pour le moins original : Raghavan. Celui-ci est accusé d’un double homicide, qu’il prétend ne pas avoir commis. Il a purgé ses 14 années de peine depuis très longtemps, mais refuse pourtant de sortir de prison. En l’interviewant elle découvre qu’il a tenu un journal pendant sa détention. Son contenu dévoile une vision du monde passionnante et complexe, des réflexions sur la vie, la liberté, la révolution. Son sens philosophique tranche tellement avec son histoire personnelle et sa condition, qu’elle décide d’écrire un article sur lui dans un magazine. Cet article « Un cerveau derrière les barreaux » est un immense succès qui fait de Raghavan une vedette que les médias s’arrachent. Une grande société d’édition commande à Anjali un livre sur Raghavan, avec à la clé un contrat mirobolant. Seulement, le contenu du journal ne suffira pas : il va falloir que Raghavan écrive « sur commande » et argumente son innocence, dévoile son monde intérieur et surtout son mystérieux passé … et tout ne se passera pas vraiment comme prévu.

Munnariyippu est un thriller psychologique d’une grande intelligence, scénarisé et mis en scène de main de maître. Très clairement, on approche le chef-d’œuvre.
Le réalisateur a eu la bonne idée de concentrer le film sur son histoire. Le film est relativement court pour les standards indiens, il n’y a pas de chansons, pas de scènes de comédie burlesque déconnectées de l’histoire qui pourraient ralentir la narration. Les premières scènes amènent directement à la fin du film, sans digression aucune. Tout du long, le scénario distille des indices discrets et des fausses pistes, en maintenant le suspense jusqu’à la toute dernière image. Il a été écrit par Unni. R., un écrivain malayali contemporain bien connu du Kerala. Son style post-moderne se ressent fortement dans le ton narratif du film.

Munnariyippu est un film d’une grande intelligence, qui ne se dévoile jamais totalement, et hante le spectateur longtemps après l’avoir vu. Celui-ci peut être amené à revoir le film plusieurs fois pour bien comprendre les subtilités du scénario, à l’instar de films comme Le 6e Sens ou Usual Suspects. Le film ne prend pas partie, il ne distingue jamais le vrai du faux ou le bien du mal. Il n’y a pas de grande révélation finale à la Shyamalan qui livre clé en main la solution du mystère. Au contraire, Munnariyippu donne entière liberté au spectateur de se faire son opinion. C’est la grande force du film : il commence en grande partie quand on a terminé de le regarder. La mise en scène est un modèle du genre et appuie cet aspect car tout se passe au présent. Si le passé est évoqué, il n’est jamais montré, il n’y a pas de flashbacks. Tout est suggéré, ce qui ne fait qu’accroître le mystère et la tension.

Le film repose sur les épaules des deux acteurs principaux, Aparna Gopinath qui est excellente dans son rôle de journaliste ambitieuse, et évidemment Mammooty. La méga-star du cinéma malayalam a laissé de côté ses personnages de films commerciaux, et nous rappelle ici qu’il est avant tout un immense acteur qui sait encore et toujours se réinventer. Il interprète à la perfection un homme usé, à la fois vulnérable, innocent, et pourtant vaguement inquiétant. Sa prestation toute en nuance et subtilité ajoute une couche supplémentaire de mystère au film. C’est un modèle du genre qui vaut à elle seule de revoir le film plusieurs fois.
Même s’il n’y a pas de chansons, la musique est très présente en fond sonore. Elle consiste surtout en des instrumentations douces à base de piano ou d’instruments à cordes qui se marient parfaitement avec la sobriété de la narration. La photographie est au diapason, et nous montre le Kerala tel qu’on pourrait le voir nous-même depuis notre voiture.

Munariyippu est un excellent thriller psychologique. Sorti en 2014, il a rencontré un certain succès mais a été éclipsé par Drishyam. Cet autre thriller à succès malayalam avec Mohanlal a battu de nombreux records au box-office, et a depuis fait l’objet de plusieurs remakes (en tamoul et en hindi). Mais les cinéphiles ne s’y sont pas trompé, Munariyippu avec une approche moins commerciale, fait partie des films les plus appréciés de ces dernières années. Aujourd’hui encore il est très discuté, et plusieurs théories circulent à son sujet. Aucune n’a été démentie ou confirmée par l’équipe du film, et c’est tout aussi bien comme ça.

La bande-annonce

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