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Kick

Traduction : Kiff

Bande originale

Jumme Ki Raat
Hangover
Tu Hi Tu [Kick]
Yaar Naa Miley
Hai Yehi Zindagi
Jumme Ki Raat (Version 2)
Tu Hi Tu (Reprise) [Kick]
Hangover (MBA Swag)
Tu Hi Tu (Version 2)
Jumme Ki Raat (Version 2) [Remix]
Hangover (Remix)
Tu Hi Tu [Remix]
Jumme Ki Raat [Remix]
Hai Yehi Zindagi (Version 2)
Tu Hi Tu (House Mix)
Tu Hi Tu (Version 2) [Remix]

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La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 5 août 2014

Note :
(4/10)

Article lu 1304 fois

Shaina (Jacqueline Fernandez) est triste, elle a perdu son amour. Elle se prépare à devenir psychiatre à Varsovie où son père (Saurabh Shukla) est consul général. Il rêve de la marier et c’est à contrecœur qu’elle accepte de rencontrer Himanshu (Randeep Hooda), un prétendant potentiel qui arrive justement de Bombay. Shaina choisit un « terrain neutre », le train qui les ramène de l’aéroport, pour faire connaissance. Elle est sur la réserve, mais c’est un policier gentil et perspicace qui finit par lui faire raconter ce garçon auquel elle a rêvé.

Elle avait croisé sa route en Inde, l’année précédente, lors d’une course poursuite endiablée. Il s’appelait Devi Lal Singh (Salman Khan) et conduisait l’engin qui emmenait des mariés à l’autel. C’est un costaud intrépide et malicieux constamment à la recherche d’excitations nouvelles. Justement, tenter d’échapper à la horde patibulaire à la solde de la ministre locale et mère de la future mariée, constitue un de ces « kiff » (kick) auxquels il aspire. C’est encore meilleur quand il donne lui-même des indications aux poursuivants…

Sajid Nadiadwala est un producteur à succès qui passe pour la première fois derrière la caméra avec Kick. À l’exception d’Highway sorti cette année, ses films précédents ont en commun d’avoir une approche très commerciale qui mixe allègrement tous les ingrédients de nature à remplir les salles de cinéma indiennes. Une franchise aussi coûteuse que Salman Khan ne permettait pas de prendre le moindre risque. Il a donc appliqué une fois encore la recette qui lui a si bien réussi : beaucoup d’action, un joli premier rôle féminin, quelques sourires et un peu d’émotion simple.

Mais pour un débutant à la réalisation, c’était peut-être encore trop difficile. Il a donc choisi de refaire presque plan pour plan le Kick de Surender Reddy, un film telugu de 2009 avec Ravi Teja dans le rôle-titre. Ses moyens bien plus importants lui ont permis de changer quelques petites choses comme le fait de faire tomber un bus à impériale dans un fleuve ; là où l’original se contentait d’un 4x4. La comparaison est fascinante, même les gags sont identiques. À la décharge de Sajid Nadiadwala, il faut reconnaître qu’il n’est pas le seul à avoir refait le film, car il a été aussi reproduit à l’identique en tamoul sous le nom de Thillalangadi avec Kuala Lumpur à la place de Varsovie.

Ce personnage merveilleux qui a justifié qu’on l’incarne une troisième fois est une sorte de mélange entre Robin des bois, Jean Valjean et Batman. Devi a donc besoin d’un policier qui lui court après, ce sera Himanshu. Mais il faut aussi un grand méchant, voici Firoz interprété par Nawazuddin Siddiqui. Une petite Cosette par ci (pour être juste, elle fait à la fois Cosette et Fantine, même si elle perd ses cheveux sans les avoir vendus), un papa gâteau idiot par là. On mélange le tout sans lésiner sur les bourre-pifs et les cascades, mais sans oublier non plus un peu d’amour platonique et un soupçon de numéros qui se veulent sexy. Et c’est parti pour 2 h 25 de ce qui aurait pu être Dhoom 4.

On pourrait croire à la lecture de ce qui précède que c’est du n’importe quoi cent fois déjà vu. C’est vrai. Mais après tout, ce ne serait pas nécessairement un handicap si c’était bien fait et si le spectateur pouvait adhérer à la logique propre des auteurs. Mais ici, ils ont tellement forcé sur les ellipses qu’on se sent parfois tomber dans une faille spatio-temporelle. Ainsi la raison qui pousse Devi à insulter le père de Shaina ou encore ce qu’elle devient à la fin restent désespérément obscurs. Et puis qu’est-ce que c’est que ces voitures polonaises avec la conduite à droite ? Pourquoi le médecin-chef à Bombay se retrouve-t-il à Varsovie ? Alors on surnage en s’accrochant au premier passage sensé qui tombe sous nos yeux. L’objectif était peut-être de nous noyer dans l’histoire…

Kick n’est pas un film en réalité, c’est un package qu’on achète en payant son billet. On vient pour voir Salman Bhai faire son numéro. Tant mieux s’il y a un film autour, mais ce n’était pas l’objectif. Pour celui qui n’est pas adorateur de Sallu, il y a quand même une difficulté : il ne sait pas jouer, danse comme l’auteur de ces lignes, et même sa voix nasale ne laisse pas d’impression. Avec le temps, il s’empâte, ce qui demande toujours plus d’efforts de montage pour ses combats à la chorégraphie unique. Et puis, pour la première fois depuis longtemps, il ne tombe la chemise que de façon subliminale. Le temps est cruel…

Pour entretenir la flamme (le cierge ?) de ses admirateurs, il s’auto-cite comme avec les multiples références à Dabangg ou à sa fondation Being Human. C’est à se demander par moments si, à l’instar de Jai Ho, le film entier n’est pas une publicité pour sa propre œuvre caritative. Comme s’il voulait nous dire : « Je ne suis pas un acteur, mais j’ai un grand cœur. Regardez comme j’aime tellement les petits nenfants ». Bref, à défaut d’y laisser une empreinte, il semble être en train de créer une spin-off du cinéma dans le charity business.

Heureusement pour ses affaires, les acteurs qui accompagnent Salman Khan dans Kick sont à la hauteur. C’est le cas en particulier de Randeep Hooda qui reste étonnamment sobre et montre ici ce qu’il aurait dû proposer dans Once Upon a Time in Mumbaai. À l’inverse, mais tout aussi bon, Nawazuddin Siddiqui compose un méchant remarquable qu’on aimerait revoir. Quel dommage que leurs textes soient si médiocres. Les acteurs secondaires expérimentés tels que Mithun Chakraborty ou Saurabh Shukla sont bien en place. Jacqueline Fernandez est nettement moins brillante, mais elle fait des efforts appréciables. Elle est malheureusement handicapée par le fait de devoir donner la réplique à Salman.

C’est le cas aussi de Nargis Fakhri qui fait l’item girl sur Yaar Na Miley [1] de Yo-Yo Honey Singh. Ce morceau dansant aux basses intenses est le plus agréable à l’oreille. Il est vraiment regrettable que la chorégraphie d’Ahmed Khan n’ait pas permis de mettre Nargis et la chanson en valeur comme elles le méritaient. Mais là encore, comme c’est un passage avec Salman, il fallait peut-être éviter les mouvements trop compliqués. Le même sentiment assaille avec Jumme Ki Raat, une chanson aux accents du sud par Himesh Reshammiya. Elle est entraînante, mais pourquoi le rythme est-il si lent ?

Kick est un une comédie d’action centrée autour de Salman Khan. Les méchantes langues disent qu’il fait partie d’un plan marketing destiné à changer son image pour lui éviter la prison. D’autres pensent qu’il s’agit simplement d’une machine à cash utilisant des recettes éprouvées. Quoi qu’il en soit, et malgré une brochette de seconds rôles talentueux, il est difficile de se passionner pour ce nouvel opus dans la carrière de Sallu.

Il y a bien sûr les éternelles bagarres, les voitures qui se retournent, les grosses motos qui sautent en l’air, les courses-poursuites, etc., etc. Mais, on a tellement l’impression de les avoir déjà vues qu’on se dit que le film est réalisable par un monteur qui prendrait uniquement des extraits d’autres films. Et ce n’est pas le jeu de Salman qui pourrait changer cette impression, il ne peut presque rien exprimer.

La salle des Champs-Élysées était clairsemée pour la première séance de Kick. Il y avait là quelques Indiens perdus à Paris au milieu de l’été, comme les trois sur ma rangée qui s’amusaient bien, allant jusqu’à siffler timidement quelquefois. Ils sont pourtant partis sans attendre la fin du générique.

 
[1] Le film tel qu’il est présenté en salles en France comprend dans son intégralité la chanson dansée par Nargis Fakhri. Bizarrement, la version de Jacqueline Fernandez ne se trouve pas dans le générique de fin.



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