Kati Patang
Traduction : Libre cerf-volant
Langue | Hindi |
Genre | Mélodrame / Romance |
Dir. Photo | V. Gopi Krishna |
Acteurs | Rajesh Khanna, Asha Parekh, Bindu, Prem Chopra |
Dir. Musical | R. D. Burman |
Parolier | Anand Bakshi |
Chanteurs | Lata Mangeshkar, Asha Bhosle, Kishore Kumar, Mukesh |
Producteur | Shakti Samanta |
Durée | 154 mn |
Le film est basé sur J’ai épousé un homme mort, un roman de Cornell Woolrich.
Madhavi (Asha Parekh), surnommée « Madhu », est sur le point de se marier. Seulement, juste avant la cérémonie, elle quitte la maison pour rejoindre Kailash (Prem Chopra). Lorsqu’elle se rend compte que celui-ci n’en voulait qu’à l’argent de son oncle et qu’elle ne peut plus rentrer chez elle, elle échoue au meilleur endroit que l’on puisse trouver pour prendre un nouveau départ : le quai d’une gare. Elle retrouve ainsi l’une de ses amies, Poonam, jeune veuve avec un tout jeune enfant (ayant des cheveux châtain), qui lui propose de l’accompagner chez ses beaux-parents qu’elle n’a jamais vus. Mais voilà que le train a un accident et que la mère de l’enfant meurt, laissant celui-ci aux soins de Madhu… qui va prendre l’identité de Poonam. En se rendant dans sa nouvelle famille, elle croise le chemin de Kamal (Rajesh Khanna).
En cette période où les rôles féminins dans le cinéma indien ressemblent surtout à un concours pour présenter la plus belle plante de l’année (The Dirty Picture avec Vidya Balan constitue une exception pour 2011), on peut sans complexe s’offrir une escapade pour 1970. Dans Kati Patang, pas de doute possible : le personnage principal est une femme. Le scénario lui donne une vraie place, avec de vrais dialogues. Elle n’est pas là juste pour tomber dans les bras du héros. Même s’il s’agit du héros par excellence de l’époque : Rajesh Khanna. D’ailleurs, on s’aperçoit rapidement que le héros n’est pas infaillible.
On suit donc de près les mésaventures de Madhavi, essayant tant bien que mal de garder un peu le contrôle de sa vie, qui se révèle de moins en moins simple. L’histoire fait comme un mouvement de balancier, au rythme des héros, alternant entre les moments de paix et ceux où les tourments les entraînent. Et qu’il est agréable de suivre ce doux balancement… Cet oscillement est parfois interrompu par un arrêt sur image utilisé pour appuyer ce qui se passe entre les deux héros.
Le blanc va bien à l’actrice. Et c’est tant mieux, car Kati Patang, c’est aussi l’occasion d’aborder la condition des veuves. Mais cela reste très superficiel et sans véritable prise de position puisque, de toute façon, l’héroïne n’est pas veuve. On est loin de Baabul avec le beau discours d’Amitabh Bachchan.
De manière générale, le film transmet des idées assez conservatrices. Par exemple, le médecin refuse de s’occuper de la patiente qui veut avorter. Mais il faut se souvenir que l’on est dans l’Inde de 1970 et non en 2005, en Australie, comme dans Salaam Namaste, où ce cas de conscience du médecin ne se présente pas. Toujours sur la maternité, on peut regretter que la réalisation ne mette pas assez l’accent sur le lien qui unit Madhavi à l’enfant dont elle est devenue la mère de substitution. Lorsque c’est montré, c’est par à-coups, d’où un rendu assez peu naturel.
Il y a également cette idée que l’on retrouve dans des films plus récents (je pense aux paroles de la chanson Yeh Ladka Hai Allah dans La Famille Indienne, mais on pourrait trouver d’autres exemples), idée selon laquelle les couples sont faits dans les cieux et ainsi, ceux qui étaient destinés l’un à l’autre finissent toujours par se retrouver.
Pour le rôle du "vilain", Prem Chopra est parfait ! Il faut avouer qu’il a la tête qui convient : antipathique à souhait ! Bindu a un rôle secondaire mais qui se révèle important dans le déroulement des événements. Quant à Rajesh Khanna, il est charmant, même avec un pantalon jaune et une veste moutarde, c’est dire ! Avec Asha Parekh, il forme un couple qui fonctionne parfaitement, sans égaler non plus celui qu’il a formé tant de fois avec Sharmila Tagore. Ils ont joué ensemble plusieurs fois : dans Baharon Ke Sapne en 1967, et plus tard dans Aan Milo Sajna. Asha Parekh, avec ses grands yeux expressifs, joue très bien ce personnage déboussolé qui veut juste retrouver pied. Le public ne s’y est pas trompé et l’actrice a reçu le filmfare de la meilleure actrice pour son rôle dans Kati Patang.
Si Asha Parekh, à ses débuts, a été repérée pour ses talents de danseuse, ici elle n’exécute pas un seul numéro (celui-ci est réservé à Bindu). Les autres chansons sont justes chantées, ce sont des ballades ou des complaintes pour la plupart. Et ici encore, R.D. Burman fait mouche. Les chansons sont toutes très belles. Difficile de n’en citer qu’une seule, mais pourquoi pas Na Koi Umang Hai ? Un très beau passage.
Kati Patang est l’un des grands succès de 1970. Film bien écrit, vous ne perdrez pas votre temps en le regardant.