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Kaththi

Traduction : La lame

Bande originale

Selfie Pulla
Aathi
Pakkam Vanthu
Paalam
Kaththi Theme… the Sword of Destiny
Bad Eyes… Villain Theme
Nee Yaaro

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Gandhi Tata - le 11 décembre 2014

Note :
(4.5/10)

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Le film de Diwali (la fête des lumières) c’est comme la surprise du Kinder Surprise, le quartier de potatoes dans les frites du McDo ou encore… bref vous l’avez compris, c’est un plaisir unique dont on se délecte avec une immense joie, un peu comme les friandises de Diwali, soit dit en passant. Cette édition 2014 nous a offert donc un énième masala d’action nommé Kaththi, avec Ilaiyathalapathi Vijay dans le rôle-titre et, à la réalisation, l’homme qui a su simplifier, revisiter et recuisiner à sa sauce, un Nolan (ce qui n’est pas chose aisée), A.R. Murugadoss alias M. Ghajini (relecture de l’excellent Memento).


En une décennie, A.R. Murugadoss s’est imposé comme un faiseur de blockbusters, parfois engagés, d’autres fois moins, mais souvent de qualité et qui ne manquent pas de nous divertir. Cette seconde collaboration avec l’acteur Vijay était très attendue, car leur précédent film, Thuppaki, fut une aventure lucrative qui eut même les honneurs d’un remake bollywoodien (Holiday) avec Akshay Kumar. Est-ce que Kaththi - La lame avait un scénario suffisamment affûté pour trancher dans le vif du sujet ? Avant de répondre à cette question, sachez que l’attente et le buzz autour du film avaient, en tout cas, terriblement aiguisé notre appétit.


Attaquons le synopsis ! Kaththi alias Kathiresan est un détenu qui profite de la négligence des surveillants pénitentiaires de la prison de Calcutta pour mettre les voiles. A la suite de sa cavale, qui le mène à Chennai chez son meilleur ami, il prévoit d’aller se terrer à Bangkok pour se faire oublier. Mais Cupidon n’est jamais loin dans un masala, et il choisit le moment de l’embarquement de notre héros pour lui décocher sa flèche. Kaththi croise le regard d’Ankitha et c’est le coup de foudre immédiat. C’est décidé, la fuite est annulée ! Kaththi déchire son billet d’avion sur le champ, lance le magnéto avec du son hip-hop électro d’Anirudh (le compositeur du film) et se déhanche comme un diable, avec les hôtesses, pilotes, voyageurs et tout ce qui peut trainer dans un aéroport, pour fêter son amour naissant. S’ensuivent quelques épisodes pseudo-comiques et un, beaucoup plus sérieux, qui va chambouler sa vie. Kaththi, jusque-là insouciant et fripouille, se retrouve face à son destin qui va lui réserver bien des péripéties.


Un masala classique alterne, en général, les séquences comiques, d’action, romantiques ou encore dramatiques, pour divertir le spectateur et surtout, maintenir son attention jusqu’au bout. Du coup, le premier reproche que l’on fait à ce genre, c’est de délayer le sujet du film au profit du divertissement. A.R. Murugadoss a choisi de bousculer les habitudes, pour consacrer une première partie plutôt légère à l’intrigue amoureuse et aux sketches comiques, suivie d’un après entracte assez grave et engagé. Si on peut saluer son audace toute relative, il faut admettre que l’exécution est plutôt maladroite, car on a l’impression de voir deux films qui ont beaucoup de mal à s’imbriquer.

Si la conception du film cloche, quelque peu, il en est de même pour l’écriture des personnages qui est quasi inexistante, à l’exception du rôle principal. Si Vijay avait joué un survivant dans Seul au monde ou un astronaute dans Gravity, ça ne nous aurait pas posé de problème, mais là, de nombreux personnages gravitent autour de lui et ils sont navrants. Entre l’héroïne-pot de fleur, que l’on aimerait bien balancer du dixième étage (pas par mégarde, et du haut de la Tour Eiffel si possible), le sidekick comique lourd et pas du tout marrant et, enfin, un méchant faussement charismatique, supposé être un magnat véreux, mais dont le QI tutoie celui de Nabilla, on se demande si Murugadoss ne tournait pas à la méthamphétamine, car il en faut de la stimulation mentale pour se louper à ce point.

Cependant, le bon côté de Kaththi réside dans le sujet qu’il traite et on reconnaît là la conscience sociale de Murugadoss. Le réalisateur donne ainsi à son long métrage, un aspect politique et social, qu’on n’avait plus revu depuis des lustres dans le cinéma tamoul. C’est de cette manière que le film prend une autre dimension et parvient à nous captiver, après l’intermission. Sans trop dévoiler des enjeux de l’histoire, on peut vous dire qu’il est question d’écologie, du triste sort des agriculteurs du Tamil Nadu et du comportement, aussi irresponsable que mafieux, des grandes multinationales qui s’implantent dans des zones agricoles pour les détruire.

Faire passer un message et éveiller la conscience des gens en divertissant était un procédé courant dans le cinéma indien, durant la période coloniale et entre les années 70-80. Les scénarios et les personnages étaient écrits de manière à dénoncer les abus des propriétaires terriens ou parler de la lutte ouvrière dans des usines dirigées par des patrons malhonnêtes. Le réalisateur a décidé d’insuffler un esprit militant à son film et je trouve courageux d’avoir soulevé le problème des paysans que la plupart des citadins choisissent d’ignorer, en cette période de mondialisation où il est plus important d’attirer les investissements étrangers, plutôt que de se soucier de la mort imminente de l’agriculture indienne.


Malheureusement, si on ne peut douter de la sincérité de Murugadoss, on peut aisément regretter le manque de subtilité du réalisateur dans sa volonté de marquer les esprits. Là où Mani Ratnam y serait allé par petites touches, Murugadoss y va à la hache, et je dirai même à la sulfateuse. Bien sûr, on n’attend pas forcément d’un show-man la finesse d’un artiste, mais on aurait aimé un juste milieu, pour ne pas grimacer et se sentir mal à l’aise, face à quelques énormités. Ainsi, on ne sait pas trop si on doit pleurer ou se barrer de la salle lorsqu’un groupe d’agriculteurs, dans le but d’attirer l’attention des médias, décide de se suicider face à la caméra d’un journaliste, qu’on pourrait inculper pour non-assistance à personne en danger. Il y a un profond manque de dignité dans le traitement de cette séquence, car ils y vont carrément avec la faucille pour s’auto-égorger, en face de l’usine du méchant businessman, et le tout, devant un reporter qui parait juste gêné par cette situation et ne tente même pas de les en empêcher. Bien que le suicide des agriculteurs soit une triste réalité qu’il faut mettre en avant, c’est un exercice qui nécessite du respect et de la compassion, alors que, dans Kaththi, ça frôle le sensationnalisme.


Au niveau des performances d’acteurs, seul Vijay s’en tire et prouve une fois de plus qu’il est un véritable homme-orchestre, qu’il sait tout faire : danser, émouvoir, faire rire, et est habile dans les scènes d’action. En dépit de ses faiblesses, on peut d’ores et déjà classer Kaththi comme l’un de ses meilleurs films. Pour le reste du casting, j’ai déjà parlé de la pauvreté des rôles, donc je vous épargnerai la détresse des acteurs qui font de la présence pour exhiber leurs courbes généreuses, comme Samantha Ruth Prabhu qui campe Ankitha, ou sont totalement perdus, à l’image du pauvre Neil Nitin Mukesh qui fait peine à voir. Comme dans une bonne partie des masalas tamouls, le méchant doit être crétin, faire des plans faussement ingénieux qui seront facilement déjoués par le héros, et doit avoir l’air désaxé, prêt pour l’asile quand sa défaite est totale. Bref, l’antagoniste doit paraitre plus bête que le héros pour le valoriser et là, c’est l’acteur hindi qui s’y colle, pour certainement payer ses factures…


Le boulot de George C Williams, chef opérateur de Kaththi, est correct, car on sent qu’il connait son métier, dans la mesure où il sait changer de ton, en fonction de l’environnement, et je trouve que les scènes filmées avec une faible luminosité rendent bien, alors que dans pas mal de films récents, l’utilisation d’un filtre et le travail en postproduction se voient assez clairement avec une image bleutée, assez dégueulasse. La bande son d’Anirudh Ravichandar est assez inégale, entre quelques thèmes intéressants, mais repris à outrance, et seulement deux chansons (Selfie Pulla et Aathi) qui nous restent en tête. Entre être rock star et compositeur de BO, il y a une différence et on le voit assez rapidement chez ce jeune compositeur qui pèche un peu par inexpérience. Sa musique est à la fois exaltante, et absolument insupportable lorsque nos oreilles sont agressées. Ensuite, les chorégraphies de danse sont assez décevantes, car pas du tout recherchées. Heureusement que la présence, l’énergie communicative et le charisme de Vijay opèrent à merveille pour nous faire oublier la médiocrité des mouvements concoctés par Satish, que je ne connaissais pas, et dont on n’entendra pas beaucoup parler, s’il ne fait pas preuve de plus d’inspiration.


Enfin, les bastons sont comment dire… grand-guignolesques ! Anal Arasu semble avoir trouvé l’idée du siècle en imaginant le héros tabasser des dizaines de mecs, dans un espace confiné, avec l’aide du sidekick comique qui rééquilibre l’opposition en s’amusant avec l’interrupteur électrique. En gros, à chaque fois que la lumière est éteinte, Vijay met 5 cascadeurs K.O. avant d’aller se cacher, lorsque c’est rallumé. Ainsi, il vient à bout d’une armée d’hommes de main ! Il faut savoir que cette scène est une resucée d’un vieux film de Blaxploitation avec Jim Kelly (vu dans Opération Dragon aux côtés de Bruce Lee), intitulé Black Belt Jones et datant de 1974 :


Pour finir de rire, sachez qu’il est tellement balaise, qu’il peut faire la même chose après s’être pris un coup de couteau. Je ne vous parlerai pas de la scène d’évasion de prison, directement empruntée à un épisode de la série télévisée Breakout, produite par la chaine National Geographic :


Tant qu’il y aura des roupies à amasser, pourquoi s’arrêter ? A.R. Murugadoss continue sur sa lancée et signe un deuxième succès d’affilée avec Kaththi. Le film a cartonné, en Inde et à l’étranger, et au final, c’est tout ce qui compte. Pour ma part, je retiendrai un Vijay émouvant et efficace dans ce qu’il sait faire, le message de sensibilisation concernant le calvaire des agriculteurs, et enfin, une seconde moitié de film, socialement engagée, qui nous rappellent un des rôles essentiels du cinéma : éduquer. Pour toutes ces raisons, on peut féliciter le réalisateur et espérer qu’il fasse preuve d’originalité à l’avenir, en évitant de copier des scènes entières de films étrangers.

Les +

  • Le sujet engagé
  • Vijay au meilleur de sa forme
  • Une photo soignée
  • Une intéressante seconde moitié

Les -

  • Une écriture de personnages, désastreuse
  • Un cinéma populiste et réactionnaire
  • Le manque d’inspiration conduisant au plagiat
  • Une musique répétitive
  • Des scènes d’actions débiles
  • Une première partie irritante
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