Karnan en salles : bombe à retardement
Publié vendredi 21 mai 2021
Dernière modification samedi 22 mai 2021
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Attention ! Brûlot social hautement inflammable…
C’est l’histoire d’un destin tragique, celui d’un petit village, tellement intouchable que mêmes les compagnies de bus refusent d’y faire halte. Réminiscence d’une autre époque, d’un autre lieu en un continent éloigné, le moyen de transport collectif devient le symbole d’enjeux sociétaux : l’accès à la ville, aux soins, à l’éducation, la possibilité de postuler à un poste de fonctionnaire. Oui, mais voilà, un système de caste immémorial, la fierté comme le renoncement, peuvent étouffer dans l’œuf toute volonté de réaction. Au risque de faire s’embraser le feu qui couve, via le caractère impétueux d’un jeune villageois face aux comportements de ses ainés comme des représentants de l’autorité policière.
Sur les traces d’un Bala, Mari Selvaraj arrive avec sa seconde réalisation, Karnan, entraînant dans son sillage la star Dhanush. Pour sonder l’inéluctabilité d’une destinée rurale comme tracée dans le marbre. Parcourue d’images-symboles d’un monde animal omniprésent, traversée d’éclairs fantasmatiques comme autant de souvenirs d’enfances brisées, au son de mélopées et instruments liés à certaines traditions, une œuvre violente, crûe, révoltante. Poignante avant tout.
Disponible depuis quelques jours sur la plateforme de SVOD Prime Video, Karnan fait tout de même une apparition sur grand écran français grâce à Friday Entertainment. Merci à ce distributeur pour ce pari, en cette semaine de réouverture des salles hexagonales, même si ce n’est que pour quelques séances.
Car on pourra nous questionner sur l’intérêt de se plonger dans une telle histoire en ces périodes déjà pleines de marasmes. C’est oublier qu’au même titre que le rire, sous couvert de « fiction », un cri de révolte peut aussi servir d’exutoire. Et pleurer devant un écran géant n’empêche aucunement d’être ouvert aux mondes qui nous entourent.
[EDIT] Peut-être attirer l’attention sur le fait que le film est présenté en VO sous-titrée anglais. Pour ceux qui ne pratiquent pas la langue indienne ici parlée, cela peut se révéler ardu de se plonger dans la première partie, au vu des très conséquents échanges dialogués.