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Kaakha Kaakha

Traduction : Protéger

Bande originale

Ennai Konjam
Ondra Renda
Oru Ooril
Thoodhu Varuma
Uyirin Uyirae

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La critique de Fantastikindia

Par Suraj 974, Gandhi Tata
Publié le 16 décembre 2004

Note :
(8/10)

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L’avis de Guandhi Tata : Kaakha Kaakha (KK) est très certainement l’une des meilleures surprises de l’année 2003. Salué par la critique et couronné par un énorme succès public, ce film a marqué le retour fracassant de Gautham Menon, réalisateur de Minnale en 2001 qui ressuscita la carrière de Madhavan. KK est donc un choc de la part d’un réalisateur dont on n’attendait pas autre chose qu’une comédie romantique, genre dans lequel il s’était brillamment illustré auparavant. Ici, Gautham nous propose de vivre l’existence douloureuse d’un officier de police qui a troqué sa vie personnelle contre l’uniforme khakee.

Anbuselvan (Surya) est un flic intrépide qui a voué son existence à une carrière exemplaire où il a connu une ascension fulgurante. Il est membre d’un groupe d’intervention composé de jeunes officiers décidés à débarrasser Chennai de tous ses gangs et spécialisés dans les encounters(descentes urbaines). Anbuselvan croit sincèrement que l’amour et la famille affaiblissent un flic, il a donc fait le choix d’épouser la solitude et de dédier sa vie à la police… Jusqu’au jour où la sublime Maya (Jyothika), croise sa route. Une histoire d’amour qui sera très vite menacée par un sombre personnage nommé Pandia (Jeevan).

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L’unité d’élite

Kaakha Kaakha débute avec un homme ensanglanté chutant d’une cabane située au bord d’un lac… Au terme de cette séquence spectaculaire, on passe en mode flash-back avec la voix off d’Anbuselvan. Le film se divise donc en deux parties, une première qui relate les événements passés et la seconde consacrée à l’affrontement final entre Pandia et Anbuselvan.

La première partie du film est sciemment lente et parfois lourde, pour montrer le pénible quotidien des officiers de police. Cela n’atténue en rien la narration subjective, au contraire, la cadence s’accélère progressivement pour préparer une seconde partie totalement débridée.
Dans un Kollywood classique, le héros est l’attraction principale du film, reléguant au second plan l’héroïne, mais dans ce film, chaque personnage est une individualité placée sur le même pied que les deux autres, avec une interaction constante. Cette conception permet de développer chaque personnage en lui donnant de la profondeur. Au vu de leurs interprétations, les comédiens semblent avoir bénéficié d’une réelle liberté pour apporter leur touche personnelle à leurs rôles respectifs. On perçoit également la fascination du réalisateur pour le personnage de Pandia, omniprésent après l’intermède et jouissant d’une indubitable prééminence, même en présence de Maya et d’Anbuselvan. D’ailleurs, lors de la sortie du film en salle, les apparitions de Pandia ont suscité autant d’enthousiasme que celles d’Anbuselvan. Le duel s’est donc poursuivi hors de l’écran, dans les salles obscures où nos deux protagonistes se sont disputés l’applaudimètre. Un phénomène impensable dans un pays où les "bons" héros sont glorifiés, où on ne montre aucune complaisance pour le milieu du crime ; Gautham Menon est pourtant parvenu à communiquer aux spectateurs son attrait pour ce personnage négatif, devenu cruellement irrésistible. Ce succès revient également à l’excellente interprétation de Jeevan.

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Le regard passionné

Au-delà du drame policier, KK s’appuie sur une très belle histoire d’amour où triomphe une Jyothika lumineuse, dont la parfaite alchimie avec Surya ajoute une certaine sensualité à leur intimité. Cette histoire est traitée de façon aussi crédible et réaliste que l’histoire policière, avec notamment l’une des déclarations d’amour les plus sobres jamais vues à Kollywood.
Enfin, le film propose une réflexion intrigante sur l’éthique policière. Même si le discours de Gautham Menon tend plutôt à rendre hommage au travail des policiers et aux sacrifices qu’ils sont tenus de faire, il ne manque pas l’occasion de critiquer les encounters qui sont à l’origine de nombreuses bavures et règlements de compte en Inde. Ces raids sont-ils le meilleur moyen de combattre le crime ? Il existe une contradiction entre sa façon de dépeindre les flics qui utilisent les mêmes armes que les truands, et ses propos qui en font des héros. Condamne-t-il ou justifie-t-il la violence policière ? Son raisonnement est quelque peu maladroit sur ce point, le seul élément qui atteste de sa volonté de blâmer, est le prétexte fourni à Pandia pour ses atrocités. Kaakha Kaakhaprésente des policiers loin d’être irréprochables, leurs réactions sont similaires à celles des gangsters qu’ils chassent, ils n’hésitent pas à enfreindre la loi sous prétexte de la faire respecter. Actuellement en Inde, un débat virulent remet en question les libertés que les policiers s’accordent pour éliminer les criminels lors des encounters. Le film, lui, se contente de brosser une réalité inquiétante pour donner matière à polémiquer.

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Le crime va reculer !

Le casting est indéniablement l’une des qualités principales de KK. Gautham a su extraire le meilleur de chaque acteur, on peut même dire que les comédiens ont littéralement vécu dans leurs personnages respectifs, tellement ils sont convainquant et "vrais".

Pour Surya, jeune étoile montante du cinéma tamoul, c’est l’une des meilleures prestations de sa carrière avec Nandha, car il endosse impeccablement son rôle de policier et le joue avec conviction. C’est incontestablement une performance "coup-de-poing", tant l’acteur est impressionnant avec son physique solide, son regard qui reflète toute une palette d’émotions : de la haine à la peur en passant par la timidité, lorsque Maya le taquine pour le faire sortir de sa coquille. Particulièrement à l’aise dans les scènes d’action, sa performance énergique lui permet de redéfinir l’image du policier tamoul en brisant les stéréotypes. Surya prouve une fois de plus qu’il est l’un des noms à retenir dans le cinéma Kollywood. A l’image de son personnage, il a accompli une brillante ascension en rehaussant la qualité de son jeu. Le travail paye toujours, et Surya en est la preuve.

Gautham Menon a affirmé dans plusieurs interviews qu’il avait écrit le rôle de Maya pour Jyothika, et que nulle autre actrice ne pouvait mieux l’interpréter. Ces propos prennent tout leur sens lorsque l’on voit la composition étonnante délivrée par Jyothika, l’extrême justesse et la maturité dont elle fait preuve. Elle est radieuse à l’écran et tient parfaitement tête à Surya, au point de l’éclipser dans certaines scènes. Jyothika laisse éclater tout son talent avec cette performance sobre, et le public succombe une fois de plus à son charme.

Jeevan dans le rôle de Pandia, truand sans foi ni loi, l’alter ego d’Anbuselvan dans le milieu du crime, est incontestablement LA révélation du film. Il incarne le mal avec un tel charisme qu’il en magnifie son personnage pour le rendre cruellement élégant aux yeux du public. L’acteur parait possédé par Pandia, l’intonation de sa voix est inquiétante, on tremble avec Maya lors des scènes de séquestration quand son caractère imprévisible instaure une angoisse croissante. Jeevan a assurément beaucoup de classe. Un début prometteur pour cet acteur talentueux issu de la Stella Adler Academy of Acting, réputée pour avoir accueilli dans ses rangs un certain Robert De Niro.

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La vengeance a un nom : Pandia

L’équipe technique constitue tout simplement la crème du cinéma indien, et on peut le dire sans avoir peur des mots, car Kollywood est réputé pour posséder dans ses rangs les meilleurs techniciens indiens, que Bollywood s’arrache. R.D. Rajashekar a fourni un travail remarquable, ses prises de vues et ses cadrages dans les clips musicaux sont superbes, surtout pour la chanson d’introduction Uyirin uyire. Sa caméra est extrêmement mobile, ce qui ajoute de la nervosité aux scènes d’action très bien chorégraphiées par le directeur de combat, Peter Hayen, dont le souci principal a été de rendre les affrontements entre Anbuselvan et Pandia les plus réalistes possible en évitant les figures acrobatiques habituelles des films tamouls. L’unique critique s’adresse au directeur photo et au montage car la photographie, bien qu’étant soignée et aux normes internationales, souffre d’un abus d’effets "clipesques", de faux raccords et de jump-cut injustifiés dans certaines scènes. A vouloir trop styliser son œuvre et la hisser au niveau des productions hollywoodiennes, Gautham Menon a versé dans la surenchère visuelle, dans la démonstration, sans être forcément au service du scénario.
Le crédit du succès revient également à Harris Jeyaraj qui s’est imposé sur la scène musicale tamoule avec la composition de cette BO balancée, aux mélodies incomparables, puisant dans diverses influences musicales (pop, rock, electro). Composé de cinq HITS et de thèmes musicaux assortis à chaque situation, l’album fut classé en tête des charts tamouls pendant plusieurs semaines. Cette musique colle idéalement à l’atmosphère du film. Gautham Menon l’a utilisée comme un fil conducteur qui relie ses personnages au public en leur communiquant les émotions de chaque scène : lyrisme dans les passages romantiques, sensualité pour la chanson Ondra reenda - merveilleusement interprétée par Bombay Jayashri -, héroïsme lors des scènes d’action, et tension palpable tout au long du duel opposant Anbuselvan à Pandia. Ainsi, la musique représente l’âme de Kaakha Kaakha car elle semble avoir fortement contribué à l’élaboration des scènes en y ajoutant de la vie.

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Est-ce possible entre nous ?

Il est important de féliciter Gautham Menon pour ce dangereux virage qu’il a fait prendre à sa carrière, car passer du triangle amoureux au milieu du crime est un choix atypique qui aurait pu lui être fatal. Mais c’est haut la main que notre réalisateur a passé cette épreuve du feu, car son film brille par un esthétisme soigné, une présentation novatrice.
Kaakha Kaakha est une œuvre qui a renouvelé le genre en le faisant évoluer vers le drame policier. En matière technique, c’est une réponse de Kollywood à Bollywood, plus précisément, KK est pour Chennai (Madras) ce que Company a été pour Mumbai (Bombay) : un véritable séisme cinématographique qui a bousculé toutes les règles de l’industrie. Les brillantes performances des acteurs, une narration dynamique, l’utilisation du montage serré, les moyens de production importants et la qualité visuelle compensent les quelques déficiences du scénario. Gautham Menon s’est taillé une très belle réputation en réalisant KK. Il a gagné le respect de tout Kollywood, son nom sera désormais synonyme de qualité. L’attente du public envers ses prochains films sera aussi forte qu’envers ceux de Mani Ratnam.

Note de Guandhi Tata : 8/10

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Un triangle atypique…

L’avis de Suraj : Avec Minnale, Gautham Menon nous avait déjà montré ses prédispositions à "emballer" les films. C’est-à-dire à en soigner si bien la forme (musique, clips, photographie, direction d’acteur, rythme) qu’il arrivait à nous scotcher à une histoire qui au fond n’avait rien d’original.
Avec sa seconde réalisation,Kaakha Kaakha - The Police, il a conservé toutes ses qualités, mais cette fois-ci elles sont au service d’un sujet solide, qui plus est un film policier. Alors forcement le résultat vaut le détour.
Kaakha Kaakha se démarque d’emblée des productions commerciales de films d’action tamouls (les Dhill, Gemini et autres Dhool) en abordant un thème qui prête à débat : la question des encounter squads, ces flics expéditifs qui préfèrent abattre les criminels plutôt que de les faire juger. Gautham Menon montre un film de divertissement efficace, tout en adoptant un propos bien à lui.
A mon sens, la plus grande qualité du film tient dans sa cohérence. Gautham Menon a choisi d’aborder son intrigue policière sous un jour réaliste et crédible, et il s’y est tenu depuis la première scène jusqu’au dénouement final. Pour nous montrer la vie d’un flic dévoué corps et âme à son travail, il a choisi d’adopter un style "tranche de vie" plutôt inhabituel.
Les scènes d’action sont bien menées, les combats sont violents et réalistes, l’ensemble est bien rythmé tout en se permettant des digressions plus lentes pour permettre de souffler un peu. Mais cela n’empêche évidemment pas les sentiments, et la touche de romantisme est bien présente.
Sur ce point le film se distingue dans son approche, car il applique également sa touche réaliste à l’inévitable romance des films indiens. Celle-ci est traitée de façon juste et crédible : pas d’envolées romantiques superflues qui habituellement plombent le film plus qu’autre chose, ici l’histoire d’amour sert le propos et s’intègre logiquement dans la dramaturgie du film.
Ce côté réaliste est renforcé par un certain anti-manichéisme dont fait preuve le scénario. Si le gentil et le méchant sont clairement désignés, les pistes sont pourtant très brouillées… la cruauté dont fait preuve Anbuselvam dans son métier de flic est tout aussi révoltante que celle de Sethu dans son rôle de malfrat. Ce qui tend à renvoyer flics et bandits dos à dos et rend leur face à face d’autant plus passionnant.
Pour cela Gautham Menon est bien soutenu par trois acteurs principaux tous très bons.
La musique est réalisée par Harris Jeyaraj, y compris toute la musique de fond, ce qui donne au film une grande homogénéité et un impact considérable. Concernant les chansons, une ou deux auraient gagné à être enlevées car il est flagrant qu’elles ne sont là que pour satisfaire des quotas.
Vous l’avez compris, Kaakha Kaakha est un film qui mérite vraiment d’être vu. Il constitue un divertissement d’action haut de gamme et prouve une nouvelle fois qu’en s’en donnant les moyens, Kollywood peut largement rivaliser avec les autres productions indiennes voire asiatiques sans sombrer dans l’américanisation à outrance.

Note de Suraj : 8/10

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