Ilaiyaraja
Fonctions : compositeur, parolier, chanteur |
De son vrai nom : Gnanathesikan |
Né le : 2 juin 1943 (81 ans) |
à : Pannaipuram |
Nationalité : indienne |
Qui est Ilaiyaraja ?
Compositeur, chanteur et parolier, Ilaiyaraja a débuté une immense carrière protéiforme dans le cinéma indien des années 70.
Veuf, sa femme Jeeva étant décédée en 2011, il est père de trois enfants : Kartick Raja, Bhavatharini et Yuvan Shankar Raja. Ils ont connu un succès dans la même industrie en tant que compositeurs et interprètes, notamment Yuvan Shankar Raja qui a su créer un style bien à lui et a connu des années de gloire depuis 1996.
Ilaiyaraja (son prénom d’origine est Gnanathesikan) est né en 1943 dans une famille d’intouchables dans le village de Pannaipuram (Tamil Nadu). Grandissant dans un univers rural, il va rejoindre, à l’adolescence, le collectif musical dirigé par son frère aîné, Pavalar Varadajan, durant une dizaine d’années. Il va faire la connaissance de R.K. Shekhar, le père d’A.R. Rahman, qui travaillera d’ailleurs pour lui en tant que claviériste. Dans les années 1970, Ilaiyaraja travaille comme assistant pour le compositeur Kannada (G.K. Venkatesh) sur plus de 200 films et fait l’apprentissage de la guitare et du clavier électronique. Il démarrera sa propre carrière dans les studios cinéma de Madras (aujourd’hui Chennai) avec Gangai Amaran, son frère cadet, Barathiraja, qui écrira ses scénarios à ses côtés, et S.P. Balasupramanium qui débute sa carrière de chanteur.
Sa carrière démarre en 1976 grâce au producteur Panchu Arunachalam qui l’engage pour la musique du film Annakili. Sa composition dénote déjà d’un mélange de folklore influencée de styles musicaux occidentaux. Il va connaître une renommée sans précédent dans les décennies 70-90, en devenant le compositeur des plus grands réalisateurs de l’époque : K. Balachander, Balu Mahendra, Barathi Raja, K. Viswanath, J. Mahendran, Fazil, Singgetham Srinivasa Rao, S.P. Muthuraman et Mani Ratnam. Il marque une nouvelle ère moderne — musicalement parlant —, tout en travaillant pour les industries hindie, telegue, malayalam, et il a également l’occasion de travailler avec les plus grands paroliers comme Kannadasan, Vairamuthu, Gulzar et Vaali. Il a aussi révélé les plus grands chanteurs, ou plus communément les « playback singers », à l’instar de K.J. Yesudas, S.P. Balasubramaniam, S. Janaki, Sujatha, P. Susheela, K.S. Chithra, Malaysia Vasudevan, Asha Bhosle et Lata Mangeshkar.
Il a également composé des chants religieux basés sur les textes hindous interprétés par le guru Ramana Maharishi, Il est aussi à l’origine d’une symphonie : le « Thiruvasakam » en 2005, qui reprend d’anciens poèmes tamouls avec un arrangement réalisé en Hongrie avec l’orchestre symphonique de Budapest. Il a organisé des concerts dont le plus important fut à Chennai : un live de 4 heures, toujours au cours de la même année. On continue à le voir dans des tournées aux États-unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Italie, en Malaisie, à Singapour, etc.
Les succès à retenir
Ilaiyaraja, une diversité musicale
Il est connu et reconnu pour pour avoir su brillamment allier les courants occidentaux et le classicisme musical indien. La rencontre en 1968 (il n’a alors que 25 ans) avec son professeur de musique Dhanraj à Chennai (anciennement Madras) ; sera l’apprentissage d’univers musicaux qu’on appelle « Western ». Il se spécialise dans la guitare en intégrant un cours au Trinity College of Music, à Londres. Ses arrangements sont audacieux et marquent plusieurs générations de mélomanes grâce à des harmonies aussi modernes qu’uniques. L’impact qu’aura son style musical reste aujourd’hui révélateur, car même des artistes comme Mika et Les Black Eyed Peas vont jusqu’à le sampler. Il est réputé pour créer des combinaisons sur les styles suivants : pop, folk, jazz, rock, disco, funk, bossa nova, flamenco, classique, jazz, afro-tribal avec des sons indiens comme les Ragas classiques et les rythmes ruraux. Ses compositions très complexes ont donné des chansons et musiques mythiques ; dotées d’une fraîcheur intemporelle.
En 1978, il enregistre la 1ère chanson en stéréo faisant décoller la vente des cassettes audio et vinyles.
Dans les années 90, il introduit la musique électronique et autres technologies qui vont améliorer l’orchestration de ses enregistrements. Il a sublimé les emplois d’instruments autant classiques (comme le tabla, le veenai, nadashwaram, miridangam) que les instruments occidentaux (comme la guitare électrique, le saxophone, la batterie, les claviers électroniques). Il a une utilisation assez originale des vocales et/ou des chœurs. C’est la raison pour laquelle il exige que les performances des chanteurs soient le plus affinées possible ; d’ailleurs il ne lésine pas sur le nombre de prises enregistrées.
Ilaiyaraja est également connu pour ses coups de colère, son exigence, mais aussi son perfectionnisme, ne laissant rien au hasard et générant de multiples répétitions. Il a conçu deux albums non destinés à des films :
Ilaiyaraja, une dimension dramatique
via ses bandes originales
Ilaiyaraja excelle dans un domaine où rares sont ceux qui ont pu réussir, ou du moins à donner autant d’importance que notre Isaignagni. Il suffit de voir les nombreux fans parsemés dans le monde qui partagent les bandes originales — et/ou extraits rarissimes — de ses films, car malheureusement il n’y pas de tradition de rajouter dans les cassettes (ou les disques) les musiques des films, sauf exception ; les films sans chansons comportant uniquement la bande originale comme le très joli album sorti en 2013 Onaayum aattukuttiyum, du réalisateur Mysskin.
Totalement passionné, je collectionne moi-même depuis des années les musiques de films d’Ilaiyaraja. Je consacre (dès que l’envie me prend) des heures à trouver des morceaux inédits. J’éprouve une fascination démesurée pour ses mélodies. Elles me transcendent et réveillent des émotions diverses, qui vont s’articuler comme par magie à mon humeur du moment. Elles m’ont par exemple, dans les années 90, beaucoup aidé lors de mes premières années en France. D’ailleurs, je m’en sers toujours dans mes écrits et courts métrages, en faisant des playlists des musiques et chansons qui vont correspondre au ton recherché. Je ne retrouve pas ces sensations chez les autres compositeurs émérites, mis à part un autre musicien qui réussit à me surprendre de la même manière : Ennio Morricone. Ces backbackground scores ont sublimé des films, même mineurs, et ont contribué à leur succès.
Aujourd’hui un film peut être reconnu dès les premières notes de son générique ou morceau culte. Et le génie d’Ilaiyaraja — souvent copié jamais égalé — est d’avoir su distiller par la force de ses compositions une atmosphère qui vous colle à la peau. Des réalisateurs l’ont compris et lui ont permis de marquer le cinéma tamoul à jamais, comme Mani Ratnam (avant la permutation avec A.R. Rahman), son ami d’enfance Barathi Raja, Balu Mahendra, J. Mahendran et S.P. Muthuraman. Ils ont, selon moi, su exploiter la versatilité et la puissance de ce génie.
Ilaiyaraja, et Aujourd’hui ?
Ilaiyaraja a aujourd’hui 73 ans. Entre exploration spirituelle, concerts et émissions télé, il continue à composer pour des films plutôt modestes. Les réalisateurs les plus emblématiques, eux, continuent à le solliciter. C’est le cas de Bala, Mysskin, R. Balki, Gautam Menon, Kamal Hasan, témoignages nostalgiques du respect et de l’amour qu’ils ont vis-à-vis de ce visionnaire. Évidemment le « Mozart indien » A.R. Rahman est plus populaire, notamment grâce à sa renommée internationale.
Ilaiyaraja reste très adulé par les puristes, comme un trésor national. Ses œuvres ont traversé des générations entières de manière inévitable. Ses albums en cours sont : Sabash Naidu (Kamal Hasan), Naachiyaar (Bala) et Padman (R.Balki).
Enuyir Neethane
dans Priya (1978)
La 1ère chanson enregistrée en stéréo pour Rajinikanth avec des rythmes et vocales malais, plus la voix de K.J. Yesudas. Éblouissant !
Ninaivo Oru Paravai
dans Sigappu Rojakkal (1978)
Cette chanson est parfaite. Saxo, piano classique… c’est une des premières chansons interprétées par Kamal Hassan. Brillant !
En Iniya Pon Nilave
dans Moodu Pani (1980)
Pour moi c’est une des meilleures mélodies soul d’Ilaiyaraja : une maîtrise de la guitare et la voix inimitable de K.J. Yesudas !
Idhu Oru Nila Kaalam
dans Tik Tik Tik (1981)
Une chanson très pop funk. Ce mix batterie, basse et la voix de S. Janaki sont étonnants, surtout le chant carnatique inattendu. Audacieux !
Va Vaa Pakkam Vaa
dans Thanga Magan (1983)
Du disco rien que du disco… avec Rajinikanth aux commandes. Du bon son et en « battle » s’il vous plaît !
Pothi Vacha Malliga Mottu
dans Man Vasanai (1983)
Chanson aux mélodies rurales avec un doux mélange de tabla et de violon classique. Fermez les yeux et savourez !
Valai Osai
dans Sathya (1988)
Autre chanson avec Kamal Hassan. Appréciez ce mélange funky de clavier électronique avec les voix suaves de S.P. Bala et Lata Mangeshkar. Une merveille !
Rum Bum Bum
dans Michael Madhana Kama Rajan (1990)
Une chanson très entraînante sur fond de music dance. Une chorégraphie adaptée. Succès retentissant !
Anjali
dans Anjali (1990)
Une sorte de balade pour enfants, chantée par ses enfants entre autres. Simple et efficace. Le duo Mani Ratnam et Ilaiyaraja à son apogée.
April Mayiley
dans Idhayam (1991)
Laissez-vous entraîner par le rythme très pop pris en charge par le maestro lui-même. Une chanson qui a animé l’été 91, rien que ça !
Johnny (1980)
Un double rôle pour Rajinikanth dans ce film qui connaîtra un grand succès populaire. Le générique commence à 1min45 vous mettant dans l’ambiance.
Nenjathai Killadhe (1981)
Le premier film de Suhasini (Mme Mani Ratnam). Un film romantique dont les 1ères notes nous saisissent. Pointe d’originalité : Mixage de pas de footing.
Mouna Ragam (1986)
Le film qui a lancé Mani Ratnam. Écoutez ce générique, on sent tout le dramatisme de ce film qui évoque le divorce.
Punnagai Mannan (1986)
Kamal Hassan en chorégraphe suicidaire qui trouve l’amour auprès d’une élève. Ilaiyaraja se lance dans la musique électronique.
Nayakan (1987)
Un père, un puissant parrain, veut voir son petit-fils, mais sa fille l’en empêche. Poignant. Kamal est magnifié dans ce rôle offert par Mani Ratnam.
Aboorva Sagotharargal (1989)
Un des rôles importants de Kamal Hassan qui joue un nain. Un des meilleurs génériques pour un film de vengeance nerveux et mélancolique.
Chatriyan (1990)
Un des meilleurs films de flics de Vijayakanth, qui est forcé de reprendre du service pour arrêter celui qui a fait tuer sa femme.
Talapathi (1991)
Rajini et Mani Ratnam, autre duo de choc. Fameuse scène où le personnage doit quitter la femme qu’il aime. La musique sonne comme une épopée tragique.
Idhayam (1991)
Un des plus grands films romantiques de cette décennie avec un rendu émotionnel très fort, cela se voit d’entrée au générique.
Guna (1991)
Une pépite signée Kamal Hassan, un succès auprès de la critique et une bande originale exceptionnelle dont cette séquence rendue « mystique » par la chanson et l’image mettant en scène le « coup de foudre » du personnage..