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Hawayein

Traduction : Les vents

LanguesHindi, Penjabi
GenresDrame, Film historique
Dir. PhotoNazir Khan
ActeursMahie Gill, Kulbhushan Kharbanda, Tom Alter, Aanandee, Mukul Dev, Ravi Jhankal, Ammtoje Mann, Mukesh Mann, Rama Vij Tiwari, Babbu Maan, Aanandi Tripathi
Dir. MusicalBabbu Maan
ParolierBabbu Maan
ChanteursSadhana Sargam, Sukhwinder Singh, Jaspinder Narula, Babbu Maan, Preeti Uttam, Bhavdeep
ProducteursBaldev Bhatti, Babbu Maan, Nippy Dhanoa, Amrinder Singh
Durée177 mn

Bande originale

Pabb Chak De
Nachoongi Saari Raat
Aaja O Yaara
Teri Yaad
Meri Muskaan
Meri Muskaan – 2
Hawayein
Bhangra Paa Laiye

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Fiche IMDB
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La critique de Fantastikindia

Par Eulika - le 20 septembre 2004

Note :
(5.5/10)

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Dans la lignée de Maachis (1995, avec Om Puri), on citera désormais Hawayein (Les vents), qui évoque les émeutes ciblées sur les sikhs dans les années 1980. L’Akali Dal (parti extrémiste sikh) voulait constituer un état-nation, le Khalistan (Pays des purs). Le parti du Congrès, dirigé par le premier ministre Indira Gandhi (fille de Nehru) après l’indépendance, prend crainte d’une nouvelle scission du territoire indien. Le premier ministre ordonne l’opération BLUE STAR qui sera exécutée le 6 juin 1984. C’est un véritable massacre, aussi bien des militants de l’Akali Dal et de leur chef (le charismatique Bhindranwale), que de femmes et d’enfants venus en pèlerinage au Temple d’Or (Harimandir Sahib), la Mecque des sikhs. Ce même jour, 74 autres gurdawas sont attaqués par les militaires. En représailles, le 31 octobre de cette même année, Indira Gandhi est assassinée par ses deux gardes du corps sikhs.

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Un arrière goût de moutarde

À cause des troubles communautaires, Saba et sa famille sikh ont quitté le Punjab pour Delhi. Lors de son premier jour à l’université, Saba tombe à la fois sur la femme de ses rêves, Muskaan, et sur son futur compagnon d’armes, Kanpuria. Il gagne rapidement le cœur de Muskaan, jeune femme hindoue. A peine leur union est-elle décidée que le meurtre de « Mother Gandhi » entraîne un revirement de leur histoire.

Le film décolle quand Saba sort accompagné du père de Muskaan après l’annonce de l’assassinat d’Indira. C’est l’une des scènes les plus marquantes que j’aie pu voir. Saba prend le risque de sortir, car il est mona, on ne peut donc deviner sa religion qu’à son kara (bracelet de fer), porté au poignet. On assiste, le cœur battant avec le sien, à un véritable carnage. Delhi est littéralement mise à feu et à sang. Des scènes de viols, de lapidations et de personnes brûlées vives défilent. C’est une véritable extermination de masse. Telle est la philosophie du « blood for blood ». Muskaan et Saba se croient mutuellement morts. Le souffle de la rage a balayé leur histoire et chamboulé leur vie. Saba retourne au Punjab, région déchirée entre le terrorisme et la répression policière. Il rejoint la bande armée de son ami Kanpuria. Le AK47 remplace la guitare, la barbe et le turban font leur apparition. Le destin de ces hommes est malmené par les tourments qui les hantent.

Après un démarrage chaotique d’environ 30 minutes qui fait perdre haleine aux spectateurs, le film tombe dans des longueurs. Certaines scènes dramatiques sont en trop. Ces « surplus d’action » tranchent avec le ton réaliste cité dans la note d’intention du film. La réalité est suffisamment étoffée pour ne pas avoir à introduire d’excès de tragédie ! De plus, l’histoire d’amour parait mal intégrée au contexte ; le rôle de Muskaan est du coup très effacé, dommage… Cependant, on retient la scène de révolte à Delhi, les scènes de torture dans les commissariats et la souffrance des sikhs, qui prennent « naturellement » leur place.

Au niveau des acteurs, j’ai eu un faible particulier pour la grand-mère de Saba, au jeu très naturel. Aishwarya Rai a du souci à se faire : la concurrence arrive avec la ravissante Aanandi (sœur de Saba) ! Enfin, la prestation d’Ammotje Mann est souvent à la limite du grotesque dans la seconde partie. Lorsqu’il essaie d’imposer son autorité, il ressemble à un enfant qui pique une crise, jusqu’à en devenir pénible à regarder.

Le portrait dressé des Khalistanis est déplorable. Ils pactisent avec le Pakistan et penchent vers l’idée d’une extermination de masse des hindous, afin de faire connaître leur mouvement à l’échelle internationale. Hawayein offre ainsi une interprétation du rôle joué par le Pakistan, fournisseur d’armes et formateur des militants. Son but serait de parvenir à annexer le Kashmir via le Punjab. On aurait toutefois apprécié que l’évocation du Temple d’Or ne soit pas qu’une simple allusion, que le mouvement khalistani ne se résume pas à une bande d’alcooliques qui violent et tuent quand bon leur semble. Et voir l’implication du gouvernement de manière moins suggérée. On regrette également qu’un tel film, qui veut raconter la souffrance des sikhs dans leurs années sanglantes, ne soit pas davantage « punjabi ». Un effort aurait dû être fait au niveau de la langue… Ainsi Babbu Mann, le compositeur-parolier, pour la première fois non seulement tient un rôle au cinéma (celui de Kanpuria), mais aussi s’essaie à chanter en hindi !

Cette haine à l’origine d’une tuerie abominable à l’encontre des sikhs a été attisée par les politiciens. Le film souligne que des hindous sont intervenus en faveur des sikhs pendant les massacres. Toutefois, il reste évident que de telles atrocités n’auraient pu se produire sans bénéficier du soutien d’un grand nombre d’hindous. Et ces personnes ont pu commettre de tels actes uniquement grâce à une protection policière, pour ne pas dire gouvernementale. On soulignera le « vous avez seulement 36 heures ! », crié par un extrémiste hindou dans les rues de Delhi, pendant les massacres.

Hawayein est sujet à une assez forte controverse, car les évènements de 1984, leurs origines et leurs conséquences restent aujourd’hui encore assez floues. Khalistanis, partis politiques hindous, extrémistes hindous, policiers, journalistes et sikhs désireux de se venger ont tous une part de responsabilité. On n’échappe pourtant pas à la séquence de nationalisme, où la nation s’unit face à « l’ennemi », toujours le même vous l’aurez deviné, le Pakistan.

Hawayein a été retiré des salles de Jammu et du Kashmir après six semaines de diffusion, officiellement pour ne pas risquer de troubler l’ordre public. Beaucoup se sont d’ailleurs demandé comment un tel film a pu passer au travers des mailles de la censure (malgré le retrait de quelques scènes jugées trop violentes). Alors que certains n’y voient qu’un signal d’alerte pour prévenir le renouvellement de telles dérives, d’autres y voient l’occasion pour le BJP (parti extrémiste hindou au pouvoir à l’époque de la sortie du film) de discréditer à la fois les Khalistanis et le Congrès (principal adversaire politique).

Hawayein traite donc d’un sujet délicat et complique encore les faits par des aberrations historiques… Le film reste néanmoins intéressant du fait de son thème, sujet rarement abordé au cinéma, et surtout assez méconnu à l’étranger.

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