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English Vinglish


LangueHindi
GenreComédie dramatique
Dir. PhotoLaxman Utekar
ActeursSridevi, Adil Hussain, Mehdi Nebbou
Dir. MusicalAmit Trivedi
ParolierSwanand Kirkire
ChanteursSunidhi Chauhan, Shilpa Rao, Amit Trivedi, Swanand Kirkire, Clinton Cerejo, Bianca Gomes, Natalie Di Luccio, Neelambari Kirkire
ProducteursSunil Lulla, R. Balki, R. Damani, Rakesh Jhunjhunwala
Durée129 mn

Bande originale

English Vinglish I
Dhak Dhuk
Manhattan
Gustakh Dil
Navrai Majhi
English Vinglish

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 7 octobre 2012

Note :
(7/10)

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Shashi Godbole (Sridevi) est une mère au foyer aimante et dévouée à sa famille. Elle cuisine divinement bien et arrive même à faire un petit commerce de son talent culinaire extraordinaire. Mais son mari Satish (Adil Hussain) comme sa fille ainée Sapna (Navika Kotia), ne manquent pas une occasion de lui rappeler cruellement qu’elle ne parle pas anglais, qu’elle ne connait pas le monde. Son ignorance de l’anglais est une source d’embarras jusque dans la vie de tous les jours, comme lorsqu’une réunion parents-professeurs à l’école de Sapna fait d’elle une analphabète, aux yeux de sa propre fille.

La nièce de Shashi va se marier, et Satish décide de l’envoyer pour aider aux préparatifs du mariage, à New-York. Il restera avec ses enfants à Pune avant de la rejoindre. C’est ainsi que la peur au ventre, dans son éternel sari, elle prend seule l’avion pour les États-Unis. Elle est bien accueillie par sa famille et émerveillée par la "Grosse Pomme". Mais bien plus encore qu’en Inde, son très faible niveau d’anglais la gène considérablement, même pour les choses les plus simples comme commander un café. Elle décide alors de prendre le taureau par les cornes et s’inscrit à un cours d’anglais…

Gauri Shinde, dont c’est le premier film, nous montre l’absence de maîtrise de l’anglais comme un handicap, presque du même ordre que la surdité. Sapna dit par exemple à une copine : "Tu peux parler, elle (Shashi) ne comprend pas l’anglais". C’est un handicap qui l’exclut, qui va même jusqu’à lui interdire de participer aux discussions familiales. Avec une grande finesse, cette exclusion est montrée à deux niveaux. Lorsque sa fille ou son mari la reprennent, c’est pour mieux la rabaisser. Lorsqu’il s’agit de passer la douane américaine, c’est simplement une infirmité.

Shashi prend à juste raison les remarques de son mari et de sa fille pour une absence de respect. Son amour-propre en est profondément blessé. Sapna, en adolescente un peu révoltée, c’est de son âge, envoie toutes les piques qu’elle peut à sa mère. Son mari Satish, tout en suffisance, ne se rend même plus compte qu’il en est venu à mépriser sa propre épouse. Pour eux deux, l’anglais n’est qu’un prétexte. S’il n’avait pas existé, ils auraient trouvé autre chose. Shashi est prise au piège dans sa famille à Pune. Malgré ses efforts, elle ne parvient pas à retrouver l’estime d’elle-même et des siens. Mais la décision de l’envoyer seule à New-York, qu’on aurait pu prendre comme une vexation de plus, lui permettra au contraire de se libérer.

L’arrivée à New-York est un choc pour Shashi. Tous les étrangers qui ne parlent pas correctement l’anglais et qui se sont retrouvés aux États-Unis se reconnaissent forcément dans l’angoisse pour passer la douane, pour commander un café ou, encore pire, pour s’orienter dans la ville. Dans un autre registre, la fascination pour New-York lorsqu’on la découvre pour la première fois est commune à tous ceux qui ont posé le pied sur son sol. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que Gauri Shinde a placé de nombreux éléments autobiographiques dans English Vinglish. Elle aime les États-Unis et les connait bien ; cela se voit à l’écran. A l’inverse de nombreux films indiens qui présentent les occidentaux de manière négative ou qui simplement les occultent comme New-York Masala, les américains sont "sympas" et n’hésitent pas à aider la pauvre Shachi lorsqu’elle est perdue.

Car les États-Unis constituent un "terrain neutre" pour le film et ses personnages. Placer l’action en Angleterre aurait certainement ajouté une dimension patriotique qui est ici absente. Pourtant, c’est bien de la maîtrise de langue de l’ancien colon dont on parle. En Inde et jusque dans le cercle familial, le film nous la décrit comme un signe distinctif de modernité et d’éducation. L’hindi est présenté comme une langue certes officielle, mais dépassée, au point que le professeur de Sapna commette des fautes et cherche ses mots. L’usage généralisé de l’anglais, bien au delà de l’insertion de quelques mots comme dans l’hinglish, est montré ici comme l’avenir en Inde ; vision que l’on pourrait trouver un peu pessimiste du point de vue culturel.

La compétence en anglais est évidemment une clé importante pour les immigrés aux États-Unis. English Vinglish nous en montre quelques-uns dans la classe qu’a rejoint Shachi. Avec son professeur homosexuel assumé et ses élèves qui viennent d’un peu partout, ce cours constitue un moment d’air frais bienvenu. Il permet des scènes de comédie légère auxquelles on rie de bon cœur, comme lorsque Rama décrit Rajinikanth (Chuck Norris peut aller se rhabiller). Un des élèves, Laurent (Mehdi Nebbou), est français et fait une cour assidue à la très traditionnelle Shachi. Les scènes de séduction de ces deux handicapés de la langue qui ne se comprennent pas sont charmantes, et nous donnent l’occasion d’entendre parler français, ce qui n’est pas si fréquent dans le cinéma hindi.

Sridevi est remarquable dans son personnage de femme timide et humiliée qui retrouve peu à peu son estime d’elle-même au contact d’étrangers très loin de chez elle. C’est à 49 ans son grand retour à l’écran, après une interruption de 15 ans. Et malgré son visage amaigri, ses grands yeux attirent toujours irrésistiblement le regard du spectateur. Elle joue tout en retenue, avec quelques trop rares grains de folie comme son imitation de Michael Jackson. Étant quasiment de toutes les scènes du film, English Vinglish repose intégralement sur ces épaules. Sa tristesse nous émeut, ses joies nous ravissent.

La narration est cependant très linéaire et l’intrigue ne présente pas de surprise. Nous assistons au voyage intérieur de Shachi, et non à de trépidantes aventures en Amérique. Le budget réduit et la cinématographie conventionnelle, voire ordinaire, sont parfaitement adaptés à ce film centré sur un personnage féminin qui souffre et doute d’elle-même. Après Vidyan Balan et les sœurs Kapoor, Sridevi incarne le personnage central d’un film de Bollywood cette année. C’est en grande partie grâce à elle que cette histoire simple se regarde sans qu’on ait vu à aucun moment le temps passer.

En réalité, tous les personnages, à l’exception de Satish bien sûr, sont particulièrement attachants et participent au plaisir à suivre les aventures de Shashi. L’apparition à la fois paternelle et désopilante d’Amithab Bachchan (Ajith Kumar dans la version tamoule du film) dans l’avion pour New-York a été saluée dans la salle par de grands "ahhh !". Le professeur d’anglais nous fait sourire et nous émeut lui aussi. Ce personnage homosexuel est présenté de façon "normale", sans le coté ridicule ou grotesque que l’on voit dans la plupart des films indiens. English Vinglish délivre même à son sujet un message de tolérance très remarquable.

Le film est accompagné par quatre chansons très bien intégrées dans le fil de l’histoire. Il n’y a pas ici d’item-number bruyant rajouté pour faire de l’audience. Le morceau Manhattan, basé sur un joli jeu de mots, est aussi entrainant que sa mise en images. La chanson de mariage Navrai Maajhi, chorégraphiée de façon conventionnelle est entêtante, alors que la chanson douce Gustakh Dil se laisse au contraire très vite oublier.

English Vinglish est une comédie dramatique agréable, un peu lente, au cours de laquelle on s’ennuie pas une seconde. Sridevi y fait un retour remarquable à l’écran, et on se prend à rêver qu’elle participe à l’avenir à des films au budget plus conséquent.

En filmant de façon conventionnelle et sans chercher à pousser les sentiments à l’excès, Gauri Shinde a réalisé un film délicat, dont on sort avec mal aux joues à force d’avoir trop souri.


Bande-annonce

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