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Detective Byomkesh Bakshy !


LangueHindi
GenresFilm d’action, Thriller
Dir. PhotoNikos Andritsakis
ActeursAnand Tiwari, Sushant Singh Rajput, Neeraj Kabi, Meiyang Chang, Divya Menon, Swastika Mukherjee
Dir. MusicalSneha Khanwalkar, Madboy/Mink, Blek, Peter Cat Recording Co., Mode AKA, Joint Family, IJA
ParoliersSneha Khanwalkar, Rishi Bradoo, Sandeep Madhavan, Suryakant Sawhney
ChanteursUsri Banerjee, Thomson Andrews, Imaad Shah, Saba Azad, Gowri Jayakumar, BigDeal, Trevor Furtado, Rishi Bradoo, Anil Bradoo, Suryakant Sawhney, Vyshnav Balasubramaniam, Sandeep Madhavan, Manas Ullas , Akshay De
ProducteursAditya Chopra, Dibakar Banerjee
Durée139 mn

Bande originale

Calcutta Kiss
Bach Ke Bakshy
Byomkesh in Love
Jaanam
Chase in Chinatown
Life’s A Bitch
Yang Guang Lives

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Alineji - le 5 octobre 2015

Note :
(7/10)

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Le héros !

Byomkesh Bakshi est un héros récurrent créé en 1932 par l’écrivain, romancier, nouvelliste et scénariste bengali, Sharadindu Bandyopadhyay. Ce dernier, disparu en 1970, lui a consacré trente-deux récits, plus un laissé inachevé à sa mort. Détective privé, il est en quelque sorte l’équivalent indien de Sherlock Holmes, et comme lui, il a un ami et complice qui est aussi le narrateur de ses enquêtes. Et comme le personnage de Conan Doyle, il a fait naturellement l’objet de très nombreuses adaptations radiophoniques, télévisées et cinématographiques. Le premier long métrage, réalisé du vivant de son créateur, en 1967, fut celui de Satyajit Ray. Intitulé Chiriyakhana, il valut au cinéaste le National film Award du meilleur réalisateur et à Uttam Kumar, qui incarnait Byomkesh, celui du meilleur acteur. Rituparno Ghosh, en 2013, lui consacra sa dernière œuvre, Satyanweshi, d’après le roman éponyme.

Detective Byomkesh Bakshy !, du réalisateur et producteur Dibakar Bannerjee, est à notre connaissance la première adaptation en hindi, pour le grand écran en tout cas [1], d’une aventure du détective. Petite coquetterie et manière de se distinguer, le cinéaste a déclaré avoir très légèrement modifié son nom, remplaçant dans le titre le i final par un y, pour des raisons d’équilibre typographique, mais peut-être plus sérieusement pour des motivations de marketing.

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Byomkesh et son ami Ajit

L’intrigue commence pendant la Seconde Guerre mondiale, à Calcutta. Nous sommes au début des années 1940, une guerre parallèle a lieu, sur des quais isolés, pour le commerce de l’opium. Un mystérieux personnage blesse et tue des trafiquants chinois alors qu’ils chargent une livraison. Lorsque, quelques mois plus tard à Shanghai, l’un des rescapés du guet-apens rend compte à son chef du vol de la drogue, il est question d’un certain Yang Guang. Retour à Calcutta : un jeune étudiant, Ajit (Anand Tiwari), contacte un de ses camarades d’études, Byomkesh Bakshy (Sushant Singh Rajput) déjà réputé pour son esprit acéré, afin qu’il l’aide à retrouver son père disparu depuis deux mois. C’est assez classique, les prémices d’une grande histoire à deux sont souvent houleuses. L’amitié entre Ajit et Byomkesh débute par un bon coup de poing du premier dans la figure du jeune limier.

Puis tous deux s’en vont examiner les affaires du père d’Ajit, Buwan Banerjee, chimiste reconnu, afin de trouver des indices. Ensuite, Byomshek se rend au dernier domicile de ce dernier et tente de se faire passer pour un étudiant nouvellement arrivé à Calcutta afin de louer une chambre au docteur Anukul Guha (Neeraj Kabi), également propriétaire de la résidence. Immédiatement démasqué par le perspicace médecin, à l’esprit aussi déductif que lui, Byomkesh lui avoue les raisons de sa présence et est accepté dans la maison. Il y fait la connaissance des autres locataires, Ashwini Babu (Arindol Bagchi), accro au bétel, et Kanai Dao (Meiyang Chaeng), marchand d’opium officiellement agréé par le gouvernement. Il peut démarrer son enquête…

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Le docteur Anukul Guha, logeur de Byomkesh

L’écrivain Bandyopadhyay reconnaissait s’être inspiré pour camper son héros dans les premiers romans de quelques aventures de Sherlock Holmes. Dibakar Bannerjee semble plutôt avoir pris pour modèles les personnages de la récente série anglaise de la BBC, Sherlock, laquelle a sérieusement dépoussiéré l’image du fameux détective [2], pour dessiner la personnalité quelque peu asociale de son Byomkesh Bakshy et celle, en apparence banale et plus rassurante, de son comparse Ajit. Le cinéaste a aussi choisi de traiter de la jeunesse et des débuts du satyanwshi, « chercheur de vérité », au moment où il fait la rencontre de son ami, sans toutefois oser l’anachronisme revendiqué de la série.

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Ajit, Byomkesh et Kanaï Dao

Mais les ressemblances s’arrêtent là, car très rapidement, les caractères se lissent pour laisser place à l’énigme et à sa résolution, et le scénario retourne assez maladroitement à un type plus habituel d’intrigue policière : découverte d’indices mal interprétés dans un premier temps, retournements de situations, personnages qui ne sont pas ce qu’ils ont l’air d’être, etc. Le spectateur a soudain davantage l’impression d’être dans un vieux film tiré d’Agatha Christie et des aventures d’Hercule Poirot, comme Mort sur le Nil, avec un héros à la Peter Ustinov, plutôt que dans une œuvre tirée au cordeau avec un émule de Benedict Cumberbatch. En effet, ne manquent dans Detective Byomkesh Bakshy !, ni la confrontation finale pendant laquelle le coupable est démasqué, ni les multiples explications, passablement verbeuses, de ce qui vient de se dérouler. Au lieu d’en être stimulé, le rythme est ralenti et alourdi par des rebondissements — et quelques incohérences — tellement tarabiscotés qu’on a du mal à suivre. L’introduction de personnages secondaires, tout à fait dispensables, qui apparaissent puis disparaissent de l’écran pendant un long moment, n’arrange pas les choses. C’est la grande faiblesse de l’œuvre.

On prend pourtant beaucoup de plaisir à la reconstitution minutieuse du Calcutta d’avant l’indépendance et la partition, avec une esthétique désuète qui lorgne du côté de Hollywood. Les décors sont un régal pour les yeux et beaucoup de scènes ont été tournées dans l’ancienne capitale de l’empire britannique des Indes. Chaque détail est travaillé, de la graphie des enseignes jusqu’aux costumes et coiffures des moindres figurants, en passant par les moyens de transport, tramways, voitures et pousse-pousse d’avant les rickshaws. Les vingt premières minutes, avant que cela ne devienne confus, sont à cet égard un vrai délice. Et même si, à chaque bouffée de cigarette, on a droit en bas de l’écran aux recommandations légales sur les dangers du tabac, le foyer des étudiants entièrement enfumé, les tables abondamment pourvues de cendriers sonnent juste et rendent encore plus crédible cette immersion dans un monde révolu où il était permis de fumer en public et… au cinéma, sans risquer l’opprobre [3].

Depuis quelque temps, les réalisateurs de Bollywood et de sa périphérie se lancent dans des longs métrages historiques qui vont puiser dans le passé récent de l’Inde plutôt que dans la période moghole ou dans la mythologie. C’est un bon signe de vitalité, même si ces films donnent encore souvent l’impression que les décors remplacent un scénario étriqué et prouvent qu’il ne suffit pas d’un cadre soigné pour pallier les faiblesses de la mise en scène. On pensera notamment à The Xposé d’Anant Mahadevan en 2014, et à Bombay Velvet d’Anurag Kashyap, film de 2015 aussi attendu que décevant pour nombre de spectateurs. La première aventure du jeune Byomkesh se situe toutefois un cran au-dessus, dans la catégorie de The Dirty Picture (qui reconstituait l’ambiance des années 1980 dans le milieu du cinéma). La photographie impeccable de Nikos Andritsakis, qui a déjà été à la prise de vues de Ugly et de Love Sex aur Dhokha, n’y est pas étrangère.

Côté comédiens, alors ? Le jeune et fringant Sushant Singh Rajput est un tout petit peu en deçà de ce qu’il sait faire et déçoit légèrement, malgré son côté Tintin qui a perdu Milou. C’est sans doute en partie dû à la lenteur et aux incohérences déjà pointées d’une intrigue qui ne rend pas justice à son talent. Il faut dire aussi que face à Neeraj Kabi, dont on apprécie qu’il fasse des incursions de plus en plus fréquentes au cinéma, on perçoit davantage son peu d’expérience. Venu comme Naseeruddin Shah du théâtre, Neeraj Kabi est un acteur de la même trempe que celui-ci. Il confirme rôle après rôle son vrai charisme. Tout en suavité, il interprète un personnage complexe que lui seul pouvait rendre crédible. A côté de ces deux personnalités, les autres acteurs ont un peu de mal à exister, même s’ils s’en sortent honorablement, qu’il s’agisse d’Anand Tiwari ou des deux actrices. Les rôles féminins sont hélas sacrifiés : Swastika Mukherjee tient celui un peu confus d’une actrice, Anguru Devi, sorte de Mata Hari indienne (c’est ainsi que la presse l’a présentée) qui tente de séduire sans succès le jeune détective, et la débutante Divya Menon incarne la nièce d’un politicien, Satyavati, dont Byomkesh tombera amoureux. Elles semblent être là parce qu’en 2015, il fallait bien des femmes dans une grosse réalisation de ce type.

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La troublante Anguri Devi sédruira-t-elle le héros ?

La musique, pour finir, n’est pas exceptionnelle, trop hétéroclite. Le réalisateur et producteur a fait appel à des tas de musiciens différents pour sélectionner ceux de leurs morceaux qui pourraient coller à son film. Le résultat est qu’aucun ne se distingue vraiment. Dommage ! Espérons que pour les suites qui se préparent déjà, car une véritable « byomkeskmania » est née en Inde, la production s’adressera à un seul compositeur et rectifiera les faiblesses du premier opus de ce qui s’annonce comme une franchise très rentable. Les acteurs sont prêts, un jeu vidéo et une ligne de vêtements ont vu le jour, Bannerjee et Yash Raj ont acheté les droits de tous les romans pour toutes les langues autres que le bengali. Par ailleurs, un méchant qui annonce dans l’épilogue qu’il se vengera ne laisse aucun doute. A bientôt Byomkesh pour de nouvelles aventures !

La bande annonce :


[1Une série télévisée en hindi de Basu Chattejee avait vu le jour dans les années 1990, avec Rajit Kapur dans le rôle de Byomkesh Bakshi

[2Bien davantage que les films de Guy Richie, avec Robert Downey Jr et Jude Law

[3Précisons que c’est une non fumeuse qui écrit ces lignes

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