]]>

Azhagi

Traduction : Beauté

LangueTamoul
GenreDrame
Dir. PhotoThangar Bachan
ActeursNandita Das, Vivek , Vadivelu, Sayaji Shinde, Parthiban, Devayani
Dir. MusicalMaestro Ilaiyaraaja
ParolierPalani Bharathi
ChanteursSadhana Sargam, Karthik, Swarnalatha, Malgudi Subha, Unnikrishnan, Maestro Ilaiyaraaja, Bhavatharani, Pushpavanam Kuppusamy
ProducteurUdaya Geetha
Durée150 mn

Bande originale

Paattu Solli Paada Solli
Damakku Damakku Dum
Un Kuthama En Kuthama
Oru Sundari Vandhalam
Oliyile Therivadhu Devadhaya
Kuruvi Kodanja

En savoir plus

Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Jordan White - le 16 mars 2009

Note :
(7.5/10)

Article lu 1537 fois

Galerie

Shanmugam vit avec ses deux enfants et sa femme Valarmati. Il est vétérinaire. A l’école, il était amoureux de la très jolie Dhanalakshmi. Malheureusement elle fut contrainte de se marier avec un autre homme qu’elle n’aimait pas. Après le décès de son défunt mari, Dhanalakshmi revient dans la maison de Shanmugam en tant que servante.

Sur un sujet qui rappelle le meilleur du cinéma social indien, comme celui de Mani Ratnam (Dil Se…, Bombay, Nayakan, Kannathil Muthamittal), Azhagi détourne tous les pièges tendus sur sa route : il semblerait si facile qu’il tombe en plein dedans que lorsqu’il les contourne on en serait presque à applaudir des deux mains. Avant de le faire. Film tamoul, Azhagi est l’exact contraire d’un masala made in Bollywood classique, tel qu’on peut le concevoir en général avec son spectacle de sons et de lumières, cette envie de cinema en gros, en large, qui divertit avant tout. Le ciné hindi a évacué depuis quelques années le social et la politique même si quelques films comme Rang de Basanti font clairement émerger des voix qui s’insurgent (maladroitement ou pas selon les avis) contre un ordre établi.

Ainsi Azhagi est si simple et raconte un truc apparemment tellement bateau que le film est l’évidence même : comment parler de ce qui nous a tous construits en tant qu’individus sans tomber dans la redite du film sur l’enfance avec trauma ou avec les meilleurs souvenirs mis en boîte sans imagination ? Tout le monde a connu les chaises en bois marron de la salle de classe, le bruit du cartable qui s’ouvre, l’odeur de la colle Cléopâtre, le mouvement de la craie sur le tableau noir. Et puis dans la cour, qui ne s’est pas entiché de la petite fille que l’on rêvait secrètement d’embrasser avant que la cloche ne tonne et nous dise de retourner à nos cahiers d’écolier. Azhagi c’est cela, raconté avec une acuité certaine sans nostalgie passéiste, qui prend au coeur. Les premières amours en somme, que les personnages principaux vivent sans qu’à l’écran ils ne parviennent au bout du compte à leurs fins : s’embrasser. Tout est dans les regards, les non-dits, les attitudes feintes… Un autre film tamoul, intitulé Autograph, superbe de simplicité lui aussi et abordant les amours et les souvenirs d’adolescents qui se sont aimés avant de se retrouver à l’occasion du mariage de l’un d’entre eux, a frappé les esprits après ce film.

On sera peut-être surpris en tant qu’occidental de voir des professeurs distribuer baffes et autres coups de réglette (en fer) sur les doigts et les nuques d’adolescent(e)s, alors qu’on imagine le tollé que cela soulèverait ici, avec insultes ou hausse de ton du moins. Ici c’est l’autorité qui prime et ça fait mal. Pendant une bonne heure d’une fluidité rare, les deux héros se frôlent et l’on sent que quelque chose se passe entre eux, le tout raconté par la voix-off d’une douceur très agréable. Et puis arrive le premier drame du film et ça s’envole, le scénario développant des thèmes sensibles : la question de l’adoption, le fossé entre les castes, la religion, la fidélité, le mariage, et la jalousie. Traiter tout cela demande de l’empathie et le réalisateur n’en manque pas : tour à tour, il filme dans de courtes ou longues séquences très finement dirigées l’incompréhension, le silence ou bien la discorde quand elle éclate.

Et il faut dire que l’interprétation est bien sentie, en particulier, mais ce n’est plus une surprise en ce qui concerne Nandita Das, qui à elle seule transporte Azhagi avec son rôle de Dhanalakshmi. Elle est de ces actrices qui arrive en ne faisant presque rien à en dire tellement. Le personnage est fin, le trait n’est jamais appuyé et ses larmes sont un peu les nôtres. En écho à sa détresse originelle, c’est le coeur du héros qui répond avec une infinie humilité, lui qui pourtant est riche et vit entouré d’amour : il lui fait confiance, l’amène chez elle, et éduque son jeune enfant. Il y a de l’humanité, c’est souvent touchant, voire magnifique. C’est dans ces instants-là qu’il ne faut surtout pas avoir peur ou se sentir honteux de pleurer aussi. Le cinéma est aussi fait pour cela, pour extérioriser, transcender, et en même temps parler du quotidien.

Azhagi est triste, mais on peut aussi l’interpréter comme un film très optimiste dans sa résolution. Voir le sourire de Nandita vous met la pêche pour le reste de la journée. C’est ce qu’on appelle mettre du baume au coeur. Sans aucune esbrouffe, sans mise en scène tape-à-l’oeil, pas du tout inscrit dans la logique de vouloir impressionner pour impressionner, ce cinéma-là touche à l’essentiel : décrire l’humain et ses contradictions, ses forces et ses faiblesses. L’homme et la femme en sortent toujours grandis. Beau film porté par la partition d’Ilaiyaraaja.

Commentaires
5 commentaires