3/ Les chansons du film : des tubes en puissance
Publié samedi 26 janvier 2008
Dernière modification lundi 28 janvier 2008
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Comme dans la plupart des films commerciaux indiens, les chansons ont une place primordiale. Elles font partie intégrante du scénario et permettent aux spectateurs de mieux ressentir les sentiments éprouvés par les personnages du film. Elles procurent une sensation d’évasion et de rêve lorsqu’elles sont associées à une chorégraphie spectaculaire et une mise en scène maitrisée.
Les chansons de Sholay sont toutes composées par le talentueux Rahul Dev Burman, compositeur de génie que l’on peut comparer au célèbre compositeur américain Quincy Jones. Tout comme lui, R.D. Burman a été un précurseur à différent niveau. Il fut notamment le premier à importer une influence rythmique afro-américaine dans la musique des chansons de films.
La plupart de ses compositions sont devenues des tubes dont les versions remixées sont jouées aujourd’hui dans les boîtes ou les bars branchés de Bombay et New Delhi.
Il a produit ses dernières chansons au début des années 90.
Il collabora pour Sholay, et un bon nombre d’autres films, avec Anand Bakshi, le parolier indien le plus prolifique de Bollywood avec, aujourd’hui, environ 5000 chansons signées de sa main. Sa longue carrière qui dura 45 ans s’acheva en même temps que sa vie, au début de ce siècle, à l’age de 82 ans.
Rahul Dev Burman interpréta lui-même Mehbooba Mehbooba (Mon amour, mon amour) la chanson la plus « groovy » et la plus enivrante de Sholay qui est en fait la reprise d’une chanson d’une icône bien connue dans les années 70 en France : Demis Roussos. Le rythme de cette chanson est purement et simplement sexy en diable ! La présence à l’écran de la flamboyante et ultra sensuelle Helen (actrice abonnée aux rôles de vamps et de femmes fatales), ne fait qu’attiser la passion que suscite cette chanson qui remporta un immense succès dans les pays arabes.
Les autres chansons du film sont également des tubes.
La plus dramatique et la plus intense étant sans nul doute Haa Jab Tak Hai Jaan ("tant que mon cœur bat" ou "tant que je vis") interprétée par la chanteuse indienne la plus primée dans le monde et qui détient un des répertoires les plus importants (environ 60000 chansons à son actif !) : Lata Mangeshkar. Elle joue elle même la comédie en prêtant sa voix , sur cette chanson, à l’actrice Hema Malini. Le résultat est tel que l’on a l’impression de voir les images du film rien qu’en fermant les yeux… Cette chanson combinée à la séquence filmée permet aux spectateurs et surtout aux spectatrices de ressentir à la fois la douleur, la peur, mais aussi le courage de Basanti pendant ce moment particulièrement intense et dramatique où elle chante jusqu’à son dernier souffle afin de sauver Veeru d’une mort certaine.
Koi Haseena Jab Rukja Ti Hai To (quand une belle fille s’arrête…), interprétée par la voix chaleureuse et unique de Kishore Kumar, chanteur resté extrêmement populaire malgré sa disparition dans les années 80, est un vrai bijou musical grâce à l’ingéniosité de Rahul Dev Burman qui réussit à caler toute la musique sur le rythme du trot d’un cheval tirant une carriole équipée de clochettes. Le résultat est captivant. On a l’impression d’y être. On se laisse emporter par cette ballade imaginaire et cinématographique dans la campagne indienne.
Holi Ke Din (le jour du Holi) est toujours joué tous les ans lors de la fête du Holi (la fête des couleurs qui célèbre les premières récoltes, l’arrivée du printemps et qui est surtout célébré au nord de l’Inde), équivalent du carnaval dans le reste du monde. Holi Ke Din est la chanson la plus festive du film. L’instrumentation y est typiquement folklorique avec un rythme qui fait parfois légèrement penser au Bhangra, musique Punjabi qui fait fureur en Inde et dans les diverses communautés indiennes du monde entier. Dans cette chanson le duo Kishore Kumar – Lata Mangeshkar fait des merveilles par son dynamisme qui va de paire avec celui des personnages de Veeru et Basanti, qui dansent et chantent dans la séquence en question.
La chanson la plus mémorable de Sholay est sans commune mesure : Yeh Dosti (cette amitié). Elle est devenue presque un hymne national en Inde. Toutes les générations d’indiens jusqu’à aujourd’hui la connaissent quasiment par coeur. Elle possède une profonde joie de vivre que nous font partager les voix de Kishore Kumar et Manna Dey qui sont prêtées, ici, à Amithabh Bachchan et Dharmendra au moment où ils conduisent en toute insouciance une moto avec side-car. Cette séquence filmée est un bijou d’humour. La chanson influencée par la country music avec l’utilisation du banjo et de l’harmonica possède un rythme qui nous donne irrésistiblement envie de danser et de chanter en cœur le refrain. C’est un véritable anti-dépresseur à écouter sans modération pour être de bonne humeur !
Le thème musical de Sholay qui est joué au début du film est digne d’un vrai générique de Western. On y retrouve toute l’orchestration propre au cinéma américain. Seulement Burman y ajoute tout un couplet joué avec des instruments typiquement indiens, qui nous fait voyager d’un univers à un autre. Ce thème musical est en fait une introduction qui fait comprendre au spectateur qu’il va voir un western différent : un western indien.