13B
Langue | Hindi |
Genre | Thriller |
Dir. Photo | P. C. Sreeram |
Acteurs | Madhavan, Neetu Chandra, Deepak Dobriyal, Dhritiman Chatterjee, Sachin Khedekar, Poonam Dhillon, Murali Sharma |
Dir. Musical | Shankar-Ehsaan-Loy |
Parolier | Neelesh Misra |
Chanteurs | Shankar Mahadevan, Loy Mendonsa, Karthik, Baba Sehgal, Anushka Manchanda, K. S. Chithra |
Producteur | Rajesh Sawhney |
Durée | 138 mn |
Depuis plusieurs semaines maintenant les sites de cinéma indien parlaient souvent de 13B comme d’un très bon film, à ne surtout pas manquer, le meilleur film d’horreur jamais produit en Inde (qui en compte un nombre certain pour qui s’y intéresse d’ailleurs).
Jusque-là, mon expérience avec les films dits d’horreur indiens ne s’était pas très bien passée. Entre les Kaal et autres Darna Mana Hai, il y avait seulement Bhoot qui s’était révélé intéressant et quelque peu effrayant. Piquée par la curiosité, me voilà devant le DVD de 13B, prête à arrêter si ça devenait trop impressionnant.
Manohar, jeune cadre dynamique dans toute sa splendeur, dont la plus grande fierté est d’avoir récemment emménagé dans une nouvelle résidence, appartement 13B, avec sa mère, la famille de son grand frère, son étudiante de soeur et bien entendu son adorable femme, se retrouve face à quelques événements tout aussi bizarres qu’inexplicables. L’ascenseur ne marche jamais quand il y monte, le lait brûle tous les matins malgré la surveillance attentive des femmes, il est impossible de clouer quoi que ce soit dans la maison, son téléphone prend des photos déformées de lui, mais surtout, lui seul semble remarquer que les événements heureux d’abord, de moins en moins par la suite, semblent correspondre point par point à l’épisode quotidien du feuilleton télévisé, Sab Khairiyat ("tout va bien"), que les femmes de la famille suivent pourtant avec grande passion.
A la lecture du synopsis, on pourrait avoir peur que ce ne soit qu’un remake de succès d’horreur japonais à la Ringu. Finalement, si la télé est un thème commun, les similitudes s’arrêtent là. Vikram K. Kumar, contre toute attente, a réussi à écrire un film plutôt original qui tient la route, empruntant par-ci par-là à quelques références du genre sans en abuser, et surtout un film qui nous tient en haleine jusqu’à la surprenante révélation finale. Alors non, 13B est loin, très loin d’être un film d’horreur, mais oui, c’est un thriller teinté de surnaturel qui joue avec vos nerfs (à ne pas regarder de nuit).
13B est porté de bout en bout par un Madhavan des plus en forme parfaitement taillé pour ce rôle très urbain. L’acteur tamoul tente décidément de se faire sa place dans l’industrie hindie en enchaînant les projets dans le nord, après Rang de Basanti, Guru, Mumbai Meri Jaan… Dhritiman Chatterjee, acteur bengali à la jolie carrière, campe le voisin aveugle, tout à fait énigmatique. Bien entendu, Neetu Chandra a un rôle anecdotique dans le film, mettant son charme au service des clips et d’un ou deux gros plans à l’air effrayé.
Les chroniqueurs indiens voulaient voir dans 13B une critique virulente de la place de plus en plus grande que prend le dieu télévision dans les familles. Peut-être est-ce ce que veut dire Vikram Kumar quand il filme les femmes bouches bées devant le feuilleton, pourtant incapables de voir les similitudes avec leur vie. En tout cas, le réalisateur a su intelligemment tirer parti des effets de panique et joue avec nous de bout en bout. Il utilise même à très bon escient le thème du handicap et nous met face à nos propres préjugés, procédé intéressant lorsqu’on réanalyse le film après l’avoir vu.
Finalement deux choses viennent gâcher en partie le film, d’abord sa longueur, deux heures trente, fait que certains passages sont un peu trop dilués, certains effets reproduits un peu trop souvent (on a compris dès la première fois que l’ascenseur ne marcherait pas, aucun besoin de réinsister autant là-dessus). Mais surtout les chansons, peu nombreuses, mais tout de même présentes, qui coupent le rythme et tombent vraiment comme un cheveu sur la soupe… Quelle idée de mettre des séquences chantées dans un thriller ? (Merci monsieur le producteur !) La palme du ridicule est atteinte avec la dernière chanson qui sert de générique de fin, dans laquelle Maddy apparaît affublé d’un peignoir de boxeur en skaï et d’une grosse chaîne bling-bling estampillée 13B, certainement pour rassurer son public féminin et réaffirmer qu’il est toujours le chocolate hero de leurs rêves après un tel rôle…
Vikram K. Kumar, ancien assistant de Priyadarshan, a tourné la version tamoule simultanément, intitulée Yavarum Nalam, du titre de la série qui veut également dire "Tout va bien". Une grande partie du casting y est d’ailleurs identique, seuls quelques seconds rôles changent. Si la version hindie a plu aux critiques, elle a fait un score moyen au box-office (d’où sa rapide sortie en DVD). En revanche la version tamoule est un vrai succès et continue de faire frissonner les spectateurs dans les salles obscures.
La société de production The Weinstein Company a contacté le réalisateur et a racheté les droits de ce film pour en faire un remake américain. Si le projet aboutit, 13B serait le premier film indien remaké par la machine Hollywood.